La pulpe recherche son salut énergétique
Le sujet de l'énergie passionne les dirigeants des Sica de transformation des pulpes de betteraves. Mercredi, le sujet a nourri d'inépuisables conversations au repas de leur assemblée générale, laquelle évoquait spécialement les émissions des gaz à effet de serre. Avec la flambée du gaz et du fioul, nombre des « sociétés d'intérêt collectif agricole » qui déshydratent les coproduits de sucrerie pour le compte des planteurs de betteraves doivent passer à d'autres sources d'énergie.
Le prix du gaz utilisé lors de la dernière campagne avait augmenté de 41 % par rapport à la campagne précédente, celui du fioul de 68 %. Ces deux ressources, qui fournissent près de la moitié des thermies employées dans le cadre de l'Usica (union des Sica) pour la déshydratation, sont devenues beaucoup plus chères (21,31 euros/kth et 19,02 euros/kth) que le charbon (14,51 kth) qui est resté stable entre les deux dernières campagnes et qui fournit plus de la moitié des thermies employées. La facture énergétique a progressé de 25 %. Le prix de vente de la pulpe déshydratée en alimentation animale, qui a diminué de quelque 4 % en 2005, n'a pas pu compenser cette hausse. L'activité de déshydratation perdrait ainsi 0,17 euro par tonne de betterave. Les planteurs ont en revanche gagné 0,91 euro par tonne sur la pulpe surpressée (donc non-déshydratée), cette destination ne concerne que le quart de la pulpe transformée. La valorisation de la pulpe est donc pratiquement tombée à zéro.
Les réflexions allaient donc bon train mercredi sur les alternatives possibles : charbon bien sûr mais aussi petit-bois, sciure, céréales, lignite (un charbon peu évolué qui s'extrait en Allemagne et dans les pays de l'Est)… et même pulpes de betterave. L'on pesait les « pour » et les « contre » : coûts annexes du charbon, offre conséquente de bois dans les régions forestières, disponibilité aléatoire de la sciure, fort rendement énergétique des céréales, intérêt des lignites peu soufrées… Un convive affirmait qu'il vaudrait mieux brûler de la pulpe que de la vendre en alimentation animale, si les coûts de fonctionnement et les règles de la valorisation le permettaient.
Les représentants des Sica s'inquiètent aussi fortement du prochain plan national d'allocations des quotas d'émission de gaz à effet de serre, portant sur la période de 2008 à 2013. Seront-ils exemptés de quotas comme dans le plan actuel ? Le ministère de l'environnement leur signifie que oui. Dans le cas contraire, il faudrait sérieusement songer à la biomasse.