La pénurie menace le poulet de Bresse
L’AOC Poulet de Bresse subit le contrecoup du printemps le plus noir de son histoire. Les éleveurs ont réduit leurs mises en places de poussins jusqu’à 40 % en mars dernier pendant une bonne quinzaine de jours, rapporte le CIVB (Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse).
C’était au cœur de la tourmente de la grippe aviaire ; les éleveurs étaient contraints d’enfermer leurs volailles blanches et nourrissaient beaucoup de pessimisme pour les mois suivants. Conséquence, les sorties d’épinettes de ce mois d’août n’ont jamais été aussi chiches. Les abattoirs le ressentent nettement depuis deux semaines.
Semaine catastrophe
Le creux de l’offre est atteint ces jours-ci avec une réduction de moitié par rapport à la normale, estime-t-on chez Guillot-Cobreda. La semaine écoulée a été catastrophique, confirme-t-on au Chapon Bressan. Celle qui vient s’annonce plus décente, mais la responsable commerciale appréhende encore 6 à 8 semaines de manque.
Pas question de faire monter les enchères ; éleveurs comme abatteurs ont trop souffert pour prendre des risques avec le marché. Les prix pratiqués sont donc dans la lignée de ces derniers mois et à peine supérieurs à la normale, assurent les abatteurs. Pour faire le moins de jaloux possible parmi leurs clients, ces derniers répartissent équitablement leur offre. Le Chapon Bressan privilégie des restaurateurs qui ont le poulet de Bresse à leur carte, propose des carcasses congelées (l’AOC offre cette possibilité) tout en ménageant ses clients japonais qui ne commandent que du frais.
Le poids des volailles augmente, après un mois de juillet très défravorable. En effet, les poulets vendus aujourd’hui ont subi moins de confinement, ayant été libérés le 20 avril dernier, et ils ont bénéficié d’un mois de juillet frais, propice à la repousse de l’herbe. A Rungis, le grossiste Tri-Vol commente : le creux de l’offre coïncide avec un creux de consommation. Le poulet de Bresse fait défaut mais le prix est stable. En septembre en revanche, le prix de vente pourrait augmenter.
Qu’on se rassure pour Noël : chapons et poulardes ne manqueront pas. Les éleveurs ont prévu le nombre de volailles demandées par les abatteurs, avec peut-être un peu moins de coqs chaponnés, car les poussins mâles ont été mis en place en mars.