La luzerne en quête de débouchés valorisants
Les Marchés : Pourquoi rechercher de nouveaux débouchés pour la luzerne ? Sait-on déjà quels produits sont exploitables ?
Jean-Pol Verzeaux : La vente en tant que fourrage ne suffit pas. Il faut des débouchés plus valorisants. Aujourd’hui, la séparation des constituants de la luzerne donne un sérum, de la protéine « verte « d’extraits foliaires et de la protéine blanche, qui sont exploitables en alimentation animale et, dans l’alimentation humaine, en tant que compléments alimentaires ou d’additifs.
Pour la protéine blanche, nous sommes en attente d’un avis de l’Afssa.
On peut aussi extraire des substrats végétaux pour les cultures microbiennes en laboratoire, des produits de l’hydrolyse avec divers pouvoirs fermentaires, et d’autres molécules à usage diététique ou phytopharmaceutiques.
LM : Comment votre industrie va-t-elle faire face au défi énergétique ?
J.-P V. : Des recherches sont aussi conduites pour réduire la consommation énergétique, dans la perspective de 2008. Le pressurage avant séchage permet de la réduire de 20 à 30 %. Ce process est déjà utilisé par trois coopératives pour augmenter les concentrations protéiques et des pigments caroténoïdes. Mais seulement partiellement. Nous étudions aussi des process à basse température, la récupération de la chaleur des fumées.... Nous aurons besoins d’investissements élevés.
Jusqu’ici, les entreprises utilisent beaucoup de charbon. Plus rarement du gaz. Il est à un prix abordable et on en trouve très facilement, malgré l’augmentation du coût du fret et la demande croissante de la Chine.
LM : La réforme de la Politique agricole commune menace-t-elle la luzerne ?
J.-P V. : C’est la problématique du découplage. Aujourd’hui, l’aide à l’agriculteur est encore couplée à la production. En 2006, elle sera complètement découplée. L’industrie touchera la moitié du budget, mais sans matière première, elle sera menacée.