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La filière pigeonneau doit resserrer les rangs

Un vent de réforme souffle sur le pigeonneau. L'esprit fédéral se ranime.

La Fédération nationale des Groupements des producteurs de pigeons de chair s'est réunie la semaine passée en assemblée générale extraordinaire, quasiment au grand complet. Le président Jean-Luc Jourdain lit derrière cette affluence l'inquiétude des organisations régionales pour certaines structures d'abattage. La filière a pris une gifle, constate-t-il, en subissant la crise de la grippe aviaire comme l'ensemble de l'aviculture et en se retrouvant exclue des programmes d'aides européens. Jean-Luc Jourdain trouve de ce fait une meilleure audience pour son appel à l'arrêt des hostilités commerciales et au resserrement des rangs.

Des regroupements sont nécessaires

Une idée a été lancée : la représentation directe des producteurs dans le syndicat, ce qui suppose la suppression des relais économiques et d'information que sont les groupements, aiderait à surmonter les conflits et introduirait plus de démocratie dans le fonctionnement de la filière. Une majorité d'acteurs y serait favorable. Une fédération de producteurs permettrait « de ne pas travailler dans l'urgence », estime le président, lui-même éleveur et abatteur de pigeonneaux dans le nord de la France.

Trois enjeux se dessinent à moyen terme. Le premier enjeu est le développement de la part de marché du pigeonneau, difficilement réalisable sans une harmonisation des intérêts à l'échelon national. Le marché est trop étroit pour mettre la production à l'abri du moindre déséquilibre entre l'offre et la demande.

Or, la production de pigeonneaux n'est pas souple : l'installation trisannuelle d'un couple parental (qui nourrit un ou deux pigeonneaux par couvée) exclut le recours au vide sanitaire pratiqué chez les autres volailles ; par ailleurs, un grossiste attend d'enregistrer des commandes avant de se faire livrer par l'abatteur. Le deuxième enjeu est la défense de la filière. Concrètement, la Fédération négocie avec le gouvernement un plan de cessation d'activité qui aiderait au renouvellement des générations. Par ailleurs, il s'agit de faire répertorier le pigeonneau au niveau des organisations communes de marché. Troisième enjeu : inscrire le pigeonneau dans la marche de la filière avicole vers une grande interprofession. L'interprofession du pigeonneau, l'Anip, est en sommeil et Jean-Luc Jourdain croit qu'une organisation interespèce prendra tôt ou tard le relais de l'Etat providence.

Quant aux structures économiques, qui sont une vingtaine, les regroupements de moyens vont dans le sens des ambitions de la filière. Les directions des deux principales entreprises de France, Eléfa et Les Charmilles, toutes deux installées dans le Maine-et-Loire et représentant plus de la moitié de l'abattage national, n'y sont pas opposées.

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