La filière lapin confrontée aux amis des bêtes
La campagne « contre l’élevage en batterie des lapins » que la SPA et L214 prévoient de mener au printemps prochain risque de contrarier l’offensive publi-promotionnelle que la filière lapin va lancer cette année. La société protectrice des animaux et de la branche française de PMAF (protection mondiale des animaux de ferme) L214 : l’association a pris pour nom l’article du Code rural définissant les animaux comme des « êtres sensibles ». diffuseront les résultats d’une enquête menée par cette dernière. Cette enquête dénonce en particulier les cages « exiguës », le « sol grillagé » et 25 % de mortalité. La campagne pourrait se limiter aux actions ordinaires de L214, la SPA étant davantage mobilisée par la viande de cheval. Les alertes d’opinion de L214 sont diffusées via l’Internet ou des « actions de rue ». Dans le cas du lapin, les militants et sympathisants pourraient être invités à distribuer des tracts ou adresser des cartes aux responsables des enseignes de la distribution.
La filière cunicole manque d’arguments
Le responsable de communication et la chargée de campagne de L214 n’ont pas été convaincus, vendredi dernier, par les arguments qu’étaient venu développer les représentants de la filière cunicole. Au cours de cette rencontre sollicitée par le comité interprofessionnel de promotion du lapin (CLIPP), différentes améliorations du bien-être des lapins d’élevage ont été mises en avant, comme les repose-pattes pour le confort des lapines et la meilleure maîtrise des ambiances dans les élevages modernes. Le taux de mortalité de 25 % s'est expliqué par l’intégration du nombre de lapereaux « non viables » éliminés à la naissance. Le CLIPP a fait valoir que la France est le seul pays à engager des fonds publics et professionnels pour la recherche sur les conditions d’élevage du lapin, et appuie un projet réglementaire européen. Ce sont les Pays-Bas, a-t-il souligné, qui a mis un coup d’arrêt, fin 2006, à ce projet du Comité permanent de la protection animale auquel a contribué l’Afssa. Cependant, les experts ne remettent pas en cause la cage. Les protecteurs des animaux sont déçus du peu d’alternatives existantes : l’élevage biologique de lapins se réduit à quelques expériences et l’élevage sur paille du Label Rouge ne concerne en fait que la finition. S’agissant de la mortalité, L214 persiste à dénoncer le rééquilibrage des nids à la naissance, générateur de mortalité et l’usage d’antibiotiques.
La dernière opération de séduction du CLIPP en grandes surfaces « n’a pas donné les résultats escomptés » l’an dernier. Les consommateurs ont participé au jeu, mais ils ont acheté de la viande de porc. Cette année, les abatteurs de lapins doivent recevoir un demi-million d’euros de soutiens publics de crise. Ils tenteront à nouveau de rendre le lapin plus présent dans l’esprit des consommateurs et les linéaires.