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La filière comté plafonne ses volumes de lait

© CIGC-IMAGE ET ASSOCIES

 

L'AOP comté dispose depuis plusieurs années d'un plan de régulation de l'offre fromagère. Mais, la sortie des quotas laitiers laissait craindre un emballement de la production laitière et des surplus de lait difficilement valorisables au même niveau que les fromages. Le garde-fou vient d'arriver quelques semaines avant la fin des quotas par la publication au Journal officiel de l'Union européenne du règlement d'exécution approuvant les modifications du cahier des charges. Celui-ci prévoit explicitement un plafonnement de la production au niveau qu'elle a atteint lors de la meilleure campagne de 2008/2009 à 2012/2013, augmenté de 10 %. Dans ses règles d'application, la filière a décidé d'accorder une marge d'augmentation de 300 litres par hectare avant l'application des 10 %. Ce qui donne un potentiel d'augmentation par exploitation de l'ordre de 20 % selon la surface. Néanmoins, la marge n'est pas énorme parce que, depuis la campagne 2012/2013, la collecte a déjà augmenté de 11 %. Le potentiel de croissance pour toute la durée du cahier des charges se limite donc à 8-9 %. L'augmentation peut aussi se faire par l'ouverture de la production à de nouveaux producteurs. Ce plafonnement de la production sera le « curseur de la région en termes d'augmentation laitière pour tous les fromages AOP », explique Bernard Marmier, président de la Fédération des coopératives laitières du Doubs. Dans la mesure où une exploitation possède l'aptitude à produire du lait à comté, elle est soumise à la réglementation sur l'ensemble de son lait.

 

UN PLAFOND D'AOP ET NON UN OBJECTIF DE PRODUCTION

Néanmoins, insiste-t-il, il s'agit bien d'un « plafond d'AOP et non d'un objectif de production. La difficulté était de fixer des volumes maximums qui soient assez contraignants pour ne pas faire déborder les AOP mais qui tiennent dans le temps. Il fallait être sûrs que dans 7 ou 8 ans, nous aurons assez de volumes laitiers pour satisfaire la demande parce que, depuis un certain nombre d'années, le marché du comté croît de 2 % par an. Autant il serait suicidaire d'aller chercher le maximum de productivité tout de suite, car il n'y a pas les marchés aujourd'hui, autant il fallait cette marge. Donc, c'est à chaque entreprise de fixer des contrats et des règlements intérieurs qui font qu'on ne va pas chercher tout de suite ce volume. » Chaque fruitière a mis en place ses propres modalités de gestion des volumes et des prix. Et si chacune avait déjà son propre prix, « la sortie des quotas rajoute de la concurrence sur les volumes parce que certaines coopératives peuvent vouloir en offrir davantage à leurs producteurs que d'autres. Il faut être vigilant parce qu'on est encore très loin de pouvoir proposer le volume maximum à nos producteurs. »

 

QUALITÉ DES PRODUITS ET PRÉOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES

Ce plafonnement de la production répond aussi à des préoccupations environnementales, de qualité des produits et d'image. « Le succès du comté est fondé sur une production laitière naturelle par le terroir, affirme Bernard Marmier. Il faut s'assurer qu'elle continue à le rester. Si on augmente la production avec davantage d'aliments extérieurs, tout en restant dans le cahier des charges, on risque de s'éloigner des valeurs du comté. De plus, compte tenu des sols karstiques spécifiques de notre région, notre environnement est fragile. Les épandages organiques doivent être adaptés à cette nature de sol et donc toute augmentation de volumes bien maitrisée. » Le lien au sol et au terroir, justifiant des limitations de productivité comme pour les vins, et l'environnement sont sans doute les arguments qui ont convaincu l'Union européenne d'accepter un plafonnement collectif de la production laitière alors qu'elle s'y refusait obstinément jusque-là.

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