La compétitivité de l'isoglucose est très variable
> La baisse des prix du sucre liée aux surplus mondiaux exerce une pression sur les prix de l'isoglucose.
Moins cher que le sucre, l'isoglucose ? Pas toujours. Les courbes de prix enregistrées aux États-Unis par l'USDA montrent que le sucre a plongé en dessous du sirop de maïs à haute teneur en fructose (HFCS), comme on l'appelle là-bas, à la fin 2012. Le sucre n'est remonté qu'en avril 2014 à la faveur de tarifs antidumping à l'encontre du sucre de canne importé du Mexique (les États-Unis dépendent en effet du Mexique pour leur approvisionnement en sucre). De son côté le HFSC a nettement grimpé aux États-Unis en 2013 à la suite d'une médiocre récolte américaine de maïs. Les fabricants ont maintenu l'année suivante des tarifs élevés, encouragés par l'annonce du projet du département du commerce d'éliminer toute limitation d'accès du HFCS américain sur le marché mexicain. Il y a un différend persistant sur les produits sucrants entre les États-Unis et le Mexique, qui annonce d'autres rebondissements et évolutions de prix outre-Atlantique.
En Europe et en Chine aussiLe prix de l'isoglucose ne dépend pas uniquement de son coût de production et de son marché potentiel. Il est aussi lié à celui du sucre, et plus particulièrement depuis l'an dernier, comme l'ont souligné les experts de LMC International à la fin 2014. « Le sucre, devenu plus compétitif par rapport aux autres édulcorants en 2014, grâce à la baisse des ”cours mondiaux liée à la 4e année consécutive de surplus mondial de la production, a indirectement exercé une pression à la baisse sur les prix de l'isoglucose », transcrivait la synthèse CIPS Infos des industriels français du sucre datée du 31 mars 2015.
“ Son utilisation reste limitée du fait des coûts de transport
Ce lien entre prix du sucre et de l'isoglucose est historique dans l'Union européenne, où la production de ce dernier est limitée par un quota. L'isoglucose a été entraîné dans la chute du prix du sucre alimentaire (sous quota) d'environ 40 % l'an dernier dans l'Union européenne. Ce lien ne sera plus aussi net après l'abolition des quotas en septembre 2017.
La Chine, qui protège son marché sucrier, a aussi connu l'an dernier une évolution contraire des prix du sucre et de l'isoglucose. Le prix du sucre s'est affaissé après deux récoltes exceptionnelles tandis que celui du HFCS était soutenu par des cours relativement élevés du maïs.
Évolutions au MexiqueSi le marché mondial du sucre demeure en surplus, la FAO et l'OCDE envisagent dans leur rapport prospectif de 2015* l'amorce d'un cycle de déficit. Ces deux organismes estiment que l'isoglucose va continuer à concurrencer le sucre ces prochaines années, tout en notant que « son utilisation reste limitée du fait des coûts de transport ». Leur projection à l'horizon 2024 prévoit des évolutions importantes au Mexique et dans l'Union européenne. Au Mexique, pays très compétitif dans les boissons gazeuses sucrées, la part de l'isoglucose devrait atteindre 29 % contre 23 % aujourd'hui. Aussi les importations mexicaines d'isoglucose en provenance des États-Unis devraient-elles s'apprécier. Dans l'UE, avec la levée des quotas, la part de l'isoglucose devrait atteindre 10 % en 2024 contre 3 % aujourd'hui.
*« Sucre », dans Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO 2015. Éditions OCDE, Paris.