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La baisse de la collecte est simultanée d’une hausse des cours

Après deux ans de surproduction, la production laitière mondiale connaît une baisse historique. Dans le même temps, les cours des produits échangés sur les marchés mondiaux s’envolent.

La baisse de la collecte ces derniers mois est une conséquence de la chute des prix du lait à des niveaux insupportables pour les producteurs de lait dans le monde entier », expliquait Gérard Calbrix, économiste à Atla, lors de la conférence de presse de la Fnil tenue en décembre dernier, à Paris. En octobre 2016, l’Union européenne a produit 400 millions de litres de moins par rapport à la même période en 2015. En septembre, le recul était de 300 millions de litres. Celui-ci s’accentue en novembre et décembre (-3 à -4 % par rapport à la même période en 2015). En Océanie, le scénario est le même. La Nouvelle-Zélande a fait face pour sa part à de mauvaises conditions climatiques en octobre dernier, le mois qui enregistre habituellement la plus haute production de l’année dans l’île océanique, soit -5 % par rapport à octobre 2015. L’Australie affiche une baisse de 6 % depuis six mois. Côté continent américain, l’Argentine souffre d’un recul de 20 %. Seuls les États-Unis progressaient en octobre de +2,5 %, car le prix du lait payé aux producteurs est resté supérieur à 0,30 dollar le litre.

 

RETOURNEMENT DE CONJONCTURE

On peut parler de changement de rythme pour la collecte mondiale qui vient accentuer un retournement de conjoncture observé depuis juin 2016. « Après avoir touché un point bas historique en avril-mai 2016, les marchés laitiers montrent un vigoureux rééquilibrage et s’annoncent même déficitaires en matière grasse, ajoute Gérard Calbrix. Les cotations connaissent une hausse rapide et de grande amplitude depuis l’été, en particulier pour le beurre et les fromages. » En cinq mois, le prix du beurre cube est passé de 2 500 euros par tonne à 4 500 euros par tonne. « Début 2017, nous serons à 5 000 euros la tonne, mais il n’y en aura pas à vendre. Le prix du gouda est passé, lui, de 1 800 €/t en avril dernier à 3 400 €/t en novembre. Seule la poudre écrémée reste à un niveau historiquement bas, du fait des 350 000 tonnes stockées à l’intervention publique : les cours actuels se situent autour de 2 000-2 100 €/t après être tombés au printemps à 1 650 €/t », précise-t-il.

Ce nouveau contexte amène de nouvelles négociations sur les tarifs de vente à la distribution dans les pays d’Europe du Nord, comme en Allemagne, où Lidl et Aldi ont augmenté le prix de la plaquette de beurre de 1 euro (+30 %). Ce même taux a été appliqué au fromage. Le lait de consommation a obtenu une réévaluation de 15 centimes par litre, détaille la Fnil. La remontée des prix de vente sortie usine se traduit par une hausse du prix payé aux producteurs. En janvier 2017, celui-ci se situera en Europe du Nord nettement au-dessus de 30 centimes le litre, contre 22 centimes en août dernier, estime la Fnil.

 

INCERTITUDES SUR LE PRIX DU LAIT EN FRANCE

En France, ce scénario est incertain pour l’instant. Tout dépendra de l’issue des négociations commerciales menées avec la grande distribution une fois par an, insinue la Fnil. Celles-ci se terminent fin février. « Depuis un an, les prix sortie usine n’ont cessé de s’effriter au gré des promotions », constate Olivier Picot, son président. De janvier à août, les PVI ont baissé de 3,5 %, alors que sur la même période les prix de vente aux consommateurs ont baissé de 1,2 % (données Insee). « Le marché doit fonctionner quel que soit l’environnement législatif. La LME est une spécificité française. Elle favorise la guerre des prix entre distributeurs. Il faut revoir cette loi et intervenir sur le seuil de revente à perte et la discrimination dans les conditions commerciales », appelle-t-il.

Quant à la répercussion de la hausse des prix des produits industriels sur le prix du lait ? « Une partie de la hausse des cours des produits industriels devrait être répercutée aux producteurs sur le premier trimestre. Mais la baisse de la collecte en France se traduit par moins de beurre-poudre. Nous profitons donc moins des prix élevés sur les produits industriels que nous ne pâtissons des prix bas sur les produits en GMS », répond Olivier Picot.

 

C’est ce message que les entreprises renvoient aux producteurs au moment où la plupart des contrats, en particulier les formules de prix, sont en train d’être renégociés entre les entreprises privées et les OP (organisations de producteurs).

« La volatilité est vécue seulement par les producteurs », constatait Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, lors d’une conférence de presse tenue à quelques jours de celle de la Fnil. Il a alerté les entreprises sur l’envie de nombre de producteurs de quitter la production laitière, malgré le retournement de conjoncture et malgré les prévisions positives sur le moyen terme pour les marchés laitiers. La restructuration des exploitations laitières est en moyenne de 4 à 5 % par an. Elle a été de 6 à 7 % en 2016. Et, selon l’Institut de l’élevage, le revenu moyen en plaine des producteurs a été de 2 500 euros par an en 2016, contre 15 000 en 2015 et 25 000 en 2014. « Une dynamique pourrait exister si on aide les producteurs à traverser les crises. Les pouvoirs publics se sont engagés à prendre des mesures si la charte des valeurs de la FNPL n’est pas respectée et ils ont tenu leurs engagements avec la loi Sapin 2 qui vient d’être publiée », se félicite-t-il. La FNPL se félicite par ailleurs de l’article 106 qui plafonne à 30 % les ristournes accordées aux clients sur les produits laitiers. La loi Sapin 2 (qui modifie la LME) a été publiée le 10 décembre. Elle est d’application immédiate.

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