Les acheteurs de pulpe de betterave, utilisée par les éleveurs de ruminants, ne sont guère actifs. Lors de leur AG, les professionnels ont évoqué les difficultés de l’élevage, l’abondance de fourrage et le ralentissement de la fabrication d’aliments du bétail.
L’Usica, qui regroupe les Sica de transformation de pulpe de betterave, a tenu son assemblée générale le 11 juin sous la présidence de Christian Jamet. Elle a établi à cette occasion le bilan d’une année 2008 qui a confirmé l’évolution positive de l’activité, en volume et en recette, même si, dans le courant de l’année, les cours se sont orientés à la baisse dans le sillage des autres matières premières entrant dans la composition des aliments du bétail.
Serge Faller, directeur général de la société Désialis, qui commercialise des pulpes et de la luzerne déshydratées, a souligné l’évolution très importante de ces marchés des matières premières en quelques mois, qui justifie la prudence des opérateurs échaudés par l’amplitude, voire la volatilité, des prix des matières premières agricoles depuis 2007 et la baisse des cours depuis le début de l’année. S’agissant plus précisément de la pulpe, Serge Faller a indiqué qu’actuellement les acheteurs ne s’engagent pas, observant les difficultés de l’élevage, bovin en particulier, l’abondance de fourrage et le ralentissement de la fabrication d’aliments du bétail. Le DG de Désialis craint une prochaine campagne compliquée et d’avoir sans doute à envisager des dégagements plus importants à l’exportation.
Si ces perspectives sont incertaines, voire préoccupantes, le secteur économique de la pulpe sort de deux bonnes campagnes en matière de prix, et l’Usica, malgré la disparition d’une Sica en 2008, a produit autant de pulpe destinée à l’ensilage qu’en 2007, 381 500 t pour 103 000 t de matière sèche, et la part de pulpe surpressée destinée à la déshydratation a progressé de 11 % avec 1 128 757 t brutes pour 322 800 t de matière sèche. L’augmentation plus importante des volumes destinés à la déshydratation reste cohérente avec la tendance des dix dernières années, qui voit la part de la pulpe surpressée reculer régulièrement.
Le débouché papier
Le prix de vente moyen de la pulpe déshydratée pour la campagne 2008- 2009 est estimé à 160 € la tonne, en hausse d’environ 15 % par rapport à la campagne précédente. Après des sommets de l’ordre de 230 € début 2008, les cours se sont maintenus vers 190 € jusqu’à la fin du troisième trimestre, pour redescendre à 130 € à la fin de l’année. Actuellement, les cotations s’établissent entre 110 et 118 € selon départ pour la récolte 2008, 125 et 130 € pour la récolte 2009. On est donc très éloigné de la moyenne enregistrée en 2008. En revanche, le coût de production de la pulpe déshydratée pour la campagne 2008 aurait augmenté de près de 9 %, en relation avec le coût de l’énergie. Malgré cette augmentation du prix de revient, la hausse du prix de vente a permis à l’Usica de porter en 2008-2009 la valorisation de la pulpe à 2,52 € la tonne de betterave (valeur provisoire), contre 2,02 € en 2007-2008. La pulpe n’échappe pas au souci manifesté par la plupart des productions agricoles de rechercher de nouveaux débouchés non alimentaires. Un projet est en cours, qui réunit 14 partenaires, dont l’Usica et des professionnels de l’industrie du papier et de la cartonnerie, pour l’utilisation de la pulpe comme additif dans la fabrication de la pâte à papier.
3 % des besoins en pâte à carton
Baptisé « beet pulp », le projet arrive à échéance à la fin de cette année mais pourrait être prorogé de quelques mois. Il a pour objectif d’offrir un nouveau débouché à la pulpe. Les travaux menés jusqu’ici permettent de conclure à sa fiabilité sur le plan technique, avec la possibilité d’introduire de la poudre issue de pulpe dans les composantes de la pâte à papier, entre la pâte tirée de vieux papier ou la pâte d’eucalyptus. Le débouché semble ouvert puisque 100 000 t de pulpe ne représenteraient que 3 % des besoins en pâte à carton pour l’emballage. Reste l’aspect économique : la fabrication de la poudre de pulpe exigera un séchage lent et onéreux, des équipements particuliers, et l’ingrédient devra démontrer sa compétitivité par rapport aux autres matières premières traditionnelles pour s’assurer un débouché régulier. Une application grandeur nature devrait être mise en œuvre rapidement. Elle vaudra d’être suivie.