Grippe aviaire : le monde est responsable
«Tous les outils existent pour faire face à la crise de la grippe aviaire», a affirmé Bernard Vallat, directeur général de l’OIE à l’occasion d’une conférence scientifique internationale qui a réuni les meilleurs spécialistes mondiaux sur la question, jeudi et vendredi derniers au siège de l’office à Paris.
En conférence de presse, Bernard Vallat s’est inscrit en faux contre les prédications fatalistes voulant que la pandémie humaine soit inévitable. Mais il a placé la Communauté internationale devant sa responsabilité de mobiliser davantage de moyens pour combattre la grippe aviaire dans les pays asiatiques où elle se révèle endémique. Et propose que les pays riches consacrent à la surveillance en Asie un dixième seulement de leurs budgets de fabrication et de stockage d’antiviraux humains.
Pour la vaccination des volailles
Certains pays où l’élevage, très dispersé, sert de ressource alimentaire aux pauvres, « n’ont pas les capacités de détecter une grippe aviaire dès son apparition, de confirmer le cas ni de transmettre l’information d’une ferme isolée aux services vétérinaires », a expliqué le docteur vétérinaire. Or, l’humidité, la promiscuité entre animaux et campagnards pauvres, conjugués aux contacts permanents entre oiseaux sauvages et d’élevage, favorisent fortement les résurgences. Bernard Vallat a salué la « très nette amélioration de la transparence dans les pays d’Asie depuis un an ». « s’il y a un bénéfice de cette crise, c’est bien celui-là », a-t-il commenté. L’annonce officielle de la Corée du Nord d’une présence virale (de type H7, moins virulente que H5N1), le jour même de l’ouverture de la conférence, sont venus à propos.
Si l’OIE et la FAO invitent à « supprimer le risque pour les humains et les animaux à la source», il n’est pas question de changer les systèmes d’élevage en cause. Les docteurs Vallat (OIE) et Domenech (FAO) sont convenus que les pratiques « séculaires » comme le nourrissage des canards en rizières ne changeront pas du jour au lendemain et qu’il importe d’abord d’affiner les connaissances épidémiologiques sur la faune sauvage. Aussi, l’OIE défend-il la vaccination des volailles. Celle-ci ne présente aucun risque de diffusion silencieuse de la maladie tant qu’elle se pratique dans des conditions appropriées en présence « oiseaux sentinelles » non vaccinés. L’Italienne Ilaria Capua, secrétaire permanente du réseau de surveillance de l’OIE/FAO, défend ce point de vue en s’appuyant sur les expériences menées dans son pays à la suite de la grippe de la dinde.
Les conférenciers avaient au menu l’étude des risques écologiques et agraires de diffusion de la grippe, les vaccins, les diagnostics et le rapprochement des réseaux de l’OIE/FAO et de l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
La conférence devait aussi constater l’amélioration de la situation en Asie. En effet, l’épizootie et la transmission aux humains s’est stabilisée en Thaïlande, l’impact est limité au Cambodge tandis que la situation du Vietnam est devenue préoccupante.