Gastronome n’a pas fini de se réorganiser
Le plan de restructuration de Gastronome mis en place en 2002 aurait porté ses fruits sans l'arrivée de la crise de la grippe aviaire, fait savoir le groupe volailler qui «ne peut exclure de nouvelles réorganisations selon l'évolution du contexte du marché». La grippe aviaire en soi « accélère des évolutions des modes de consommation en cours depuis plusieurs années» et pousse le troisième opérateur français à rééquilibrer son portefeuille d'activité, dit un communiqué.
Les abattages de dinde réduits d’un quart
Pour le directeur Philippe Vernet, qui a pris la suite de Dominique Lamballe en août dernier, la perte de vitesse de l'activité dinde est un problème. La baisse des ventes conjuguée à la dégradation des prix conduit à une dévalorisation de 9 millions d'euros des fonds de commerce concernés par cette espèce. Les commissaires aux comptes retirent 25 % de sa valeur au blanc de dinde. Les abattages de dinde se sont déjà réduits d'un quart l'an dernier chez Gastronome, et cela n'est pas fini. Philippe Vernet voit aussi que les ventes de produits élaborés ont peu souffert de la crise de consommation, alors que les volailles entières l'ont subie de pleins fouets.
Par ailleurs, la consommation hors domicile en France a encore un potentiel de progression devant elle. Or, Gastronome n'a produit que
21 853 tonnes de produits élaborés l'an dernier, contre 54 531 t de poulet standard. Le directeur pense qu'il faut rééquilibrer les portefeuilles de produits et de clients. Le développement de produits élaborés crus ou cuits à l'image de «steaky's « et de «kebabs» satisfont au double enjeu de suivre la tendance de consommation et d'aller davantage vers la restauration. Procédant à une «analyse plus fine» de la rentabilité des divers fonds de commerce, la direction de Gastronome s'est aussi désengagée d'un certain nombre de surgelés.
Maintien du résultat d’exploitation
Le plan de restructuration achevé l'an dernier a conduit à la fermeture ou la cession de 9 sites, dont 6 abattoirs. Le parc industriel était composé des actifs des sociétés Soparvol et Synavi et d'une partie des actifs du groupe Bourgoin. Il s'est enrichi de 2 outils neufs de grande capacité sur le site de Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) et compte à ce jour 13 abattoirs spécialisés et 3 usines de produits élaborés (Le Bignon en Loire-Atlantique, Falleron en Vendée (un ancien abattoir de dindes), et Nueil-les-Aubiers). Cela a aussi été un plan de réorganisation commerciale qui a notamment consisté à placer les produits frais et élaborés sous la marque Douce France et les surgelés sous la marque Gastronome. Il a fait reculer l'effectif salarié à 3 620 ETP (équivalents temps plein) contre, encore, 4 800 en 2003 soit au moins d'un quart. Gastronome produit 170 500 tonnes de viande de volaille (contre 198 000 t en 2003) dont 37 637 tonnes sont des poulets sous signes officiels de qualité (notamment Fermiers d'Ancenis, Volailles du Gers). Ce plan de 25 millions d'euros se traduit par le maintien du résultat d'exploitation de l'entreprise à - 13,5 millions d'euros de 2004 à 2005, en dépit de 6 millions d'euros perdus à cause de la crise aviaire. Pour autant, le groupe coopératif Terrena, actionnaire à 96,5 % de Gastronome, entend améliorer encore la performance.