Logistique
Forte progression de l’activité export de céréales pour Sénalia
Les tonnages chargés à Rouen par le premier opérateur européen de logistique céréalière devraient dépasser le seuil de 5 millions de tonnes en 2019-2020. Les autres activités au service des agro-industriels sont en revanche en retrait avec notamment l’arrêt prévu du partenariat avec Saint Louis Sucre.
L’année 2020 s’annonce sous les meilleurs auspices pour Sénalia qui exploite les terminaux portuaires céréaliers et agro-industriels du port de Rouen. Thierry Dupont, président, s’en est félicité le 10 janvier à l’issue de l’assemblée générale du groupe : « Fin décembre, nos résultats étaient en avance de 20 % par rapport à l’année dernière. Et encore, ce chiffre aurait pu être meilleur, sans l’impact des grèves actuelles à la SNCF ». Et Gilles Kindelberger, directeur général, de compléter : « les tonnages chargés en céréales par Sénalia devraient en fin de campagne dépasser le seuil de 5 millions de tonnes contre 4 millions de tonnes en 2018-2019 ».
Dynamisme du blé meunier
La campagne 2018-2019 a été marquée par une augmentation des tonnages manutentionnés (+18 % à plus de 7 millions de tonnes) et du chiffre d’affaires (+4 % à 32 millions d’euros). Cela a permis à Sénalia de distribuer sous forme de primes d’engagement ou ristournes près de 3 millions d’euros à ses adhérents et partenaires. Gilles Kindelberger a précisé que ces bons résultats s’appuyaient sur une intensification des partenariats agro-industriels représentant 44 % de l’activité du groupe.
Le partenariat signé en 2018 avec la Scael à travers sa filiale de négoce Lecureur a très bien fonctionné, comme en a témoigné son directeur général, Rodolphe Quenardel, parlant « d’un accord gagnant-gagnant ». Ainsi, les chargements de navires ont atteint 4 millions de tonnes sur les sites de Rouen, Grand-Couronne, Val-de-la-Haye et Bonnières-sur-Seine.
Reprise de l’Afrique de l’Ouest et développement de la Chine
L’activité céréales export s’est développée (+44 %) sous l’effet du dynamisme du blé meunier qui a progressé de 899 000 tonnes, suivi par le blé fourrager avec un gain de 238 000 tonnes. L’activité orge de brasserie a, quant à elle, augmenté de 80 000 tonnes. « Cette belle progression résulte à la fois d’une reprise du marché de l’Afrique de l’Ouest et du développement de la Chine ainsi que de l’intégration des sites de Val-de-la-Haye et Bonnières-sur-Seine », a expliqué Gilles Kindelberger.
Au cours de la campagne passée, l’Algérie, destination historique, a joué un rôle important en pesant 43 % des expéditions de céréales. Le Maroc et la Tunisie sont venus compléter ces flux en représentant respectivement 14 % et 4 %. L’Union européenne est intervenue pour 10 % des exportations.
Siège social à Rouen en 2021
Autre bonne nouvelle pour Sénalia : l’activité bioéthanol de l’usine de Lillebonne a bondi en 2018-2019 (+16 %), confirmant le succès du programme Renaissance 2020. Les autres activités logistiques au service des agro-industriels partenaires de Sénalia ont en revanche été en léger retrait en 2018-2019 (-4 %). C’est l’activité sucre qui a le plus souffert. « Le manque de dynamisme à l’export, tant en prix qu’en volume, a conduit Saint Louis Sucre à nous signifier l’arrêt de notre partenariat dès 2021. Décision surprenante et brutale qui nous oblige à réfléchir à l’avenir du terminal sucrier Robust après cette date », a indiqué Thierry Dupont.
L’incendie de l’usine Lubrizol a également été pénalisant pour l’entreprise. « Nous avons été obligés de cesser l’exploitation du site pendant plusieurs semaines », précise-t-il. Il a fallu que Saint Louis Sucre s’assure, par toute une série d’analyses, que le stock et les installations n’ont pas été contaminés. Le cacao, au service de Cargill et de Barry Callebaut, a enregistré un total de 129 000 tonnes manutentionnées, en léger recul de 9 % d’une campagne à l’autre.
En 2021, Sénalia déménagera son siège social de Chartres à Rouen. La pose de la première pierre est prévue en mars 2020. « Nous accueillerons au sein de notre siège un incubateur au service de la mobilité et de la logistique », a annoncé Gilles Kindelberger.
Sénalia entend poursuivre sa politique d’investissement. L’important plan logistique sur la partie céréales export vient de s’achever par la mise en service des portiques à Grand-Couronne. Le système d’information Cereo continue de s’étendre, unifiant les pratiques tout en permettant une visibilité en temps réel de l’activité et des échanges de données, ce qui profite à l’ensemble des partenaires de Sénalia.
La coopération fait la force
Une table ronde organisée par Sénalia lors de son assemblée générale, avec comme fil conducteur « coopérer », a montré que le travail en commun était source d’efficacité, aussi bien dans le domaine industriel, celui de l’éducation ou encore dans l’univers des start-up. De quoi conforter les choix faits par Sénalia ces dernières années, notamment à travers le partenariat engagé avec la Scael.
« Il est illusoire de penser que nous pourrons être efficaces individuellement. Nous devons contribuer à l’émergence d’une dynamique économique collective, orientée clients et s’appuyant sur une compétitivité renforcée de l’ensemble des maillons de la chaîne logistique. Cela passe par plus de coopération et de coconstruction avec les OS livreurs et les chargeurs. Voilà le vœu que je formule pour cette année : opérer ensemble, pour un avantage partagé, dans le respect des intérêts de chacun », a souligné Thierry Dupont.
Développement du transport massifié
En 2018-2019, les transports massifiés (fluvial et train) ont progressé à Sénalia de 41 à 45 %. Cette part croissante engendre plusieurs points positifs, dans une logique de flux tirés : diminution de l’impact environnemental du transport des céréales ; diminution du coût du transport ; mise en place d’une logistique plus fluide. Enfin, cela permet à Sénalia d’agrandir l’hinterland de Rouen. Ainsi, l’origine Île-de-France a progressé de 386 000 tonnes entre les campagnes 2017-2018 et 2018-2019. Dans le même temps, les volumes en conteneur ont été multipliés par trois atteignant 32 000 tonnes, tirés par les besoins de la Chine en orge de brasserie. Cette évolution a été rendue possible par un rapprochement des coûts de fret entre le vrac et le conteneur.