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« On fait une rentrée sans visibilité », s'alarment les patrons

Récolte céréalière hétérogène, embargo russe, relations commerciales très tendues, projet d'étiquetage nutritionnel, l'environnement s'avère particulièrement incertain en cette rentrée pour la filière agroalimentaire. Les représentants professionnels s'inquiètent.

La rentrée s'annonce chaude », lâchait Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) le 27 août, évoquant devant la presse la baisse des cours sur les marchés, céréaliers en particulier, le recul des aides Pac dès l'automne prochain et les conséquences de la directive nitrate. Les éléments « d'un cocktail difficile » qui poussent le syndicat majoritaire agricole à prévoir un conseil d'administration exceptionnel le 9 septembre prochain.

Embargo russe, un impact entre 600 M€ et 1 Md€

Cette rentrée s'annonce particulièrement tendue, car aucune filière agricole ne semble épargnée par la crise, confirme Philippe Mangin, président de Coop de France. « La récolte céréalière est très hétérogène, les prix sont beaucoup plus bas, les filières élevages (bovins, volailles, porcins) souffrent beaucoup, les fruits et légumes aussi. À cela s'ajoute l'embargo russe », énumère le représentant des coopératives. Les conséquences de l'embargo russe ne sont pas encore évaluées, mais l'impact pour l'agroalimentaire français pourrait s'échelonner entre 600 millions d'euros et 1 milliard (selon l'Ania).

Du côté des transformateurs, l'hétérogénéité de la moisson française complique la tâche. Les meuniers et boulangers industriels multiplient les tests de panification pour pallier le manque de protéines de certains blés. Et ils devront bientôt faire face aux demandes de baisse de tarifs de la grande distribution qui pourrait prendre prétexte de l'abondante récolte céréalière. « Ce n'est pas Chicago qui va faire le prix en France », devance Jean-Philippe Girard, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). « Nos clients connaissent la structure de nos prix », poursuit-il appelant à la « coresponsabilité morale » lors des négociations commerciales qui devraient débuter d'ici un mois.

Label « relations fournisseurs responsables » suspendu

Pour l'heure, le président de l'Ania refuse de signer le texte encadrant le « label relations fournisseurs responsables » estimant que « les conditions de confiance ne sont pas réunies ». « Le texte est pratiquement finalisé, mais on souhaite un rendez-vous de rentrée sous l'égide de Bercy et du ministère de l'Agriculture pour qu'on avance enfin vers le fair trade », poursuit-il.

Piloter une entreprise de

l'agroalimentaire s'avère plus en plus complexe. À une consommation française morose et des relations commerciales toujours tendues, s'ajoutent en cette rentrée les conséquences de l'embargo russe et les difficultées liées aux défauts de qualité panifiable des blés français. Sans parler des dossiers législatifs (étiquetage nutritionnel, péage de transit) qui peuvent toucher fortement la vie des entreprises.

Le rapport de la DGCCRF promis avant la fin du mois

Le bilan des contrôles effectués par la DGCCRF cet été et promis par Bercy avant la fin du mois pourrait rappeler la grande distribution à l'ordre. Ces contrôles auraient permis de vérifier certaines dérives dénoncées depuis plusieurs mois par les fournisseurs, croit-on savoir à l'Ania.

Autre dossier chaud sur lequel>> l'association compte se battre : le projet de loi de Santé publique qui prévoit d'instaurer un score nutritionnel volontaire (voir page 13). « C'est insupportable, on s'y oppose fermement. Je ne connais pas une entreprise qui ne soit pas en mouvement sur ses recettes pour les rendre plus équilibrées entre plaisir, santé et nutrition », commente Jean-Philippe Girard, qui prône un étiquetage informatif (via smartphone par exemple) ou des indications de portion et de fréquence pour les publics les plus défavorisés.

LE PÉAGE DE TRANSIT DANS LES TUYAUX Focus

Le sujet ne fait plus la une des journaux, mais devrait rapidement revenir sur le devant de la scène et compliquer les exercices de projection pour les IAA. Le 23 juillet dernier a été adoptée la loi de Finances rectificative pour 2014 (publiée au JO du 9 août) qui instaure le péage de transit à la place de l'écotaxe suspendue depuis des mois. Ce péage de transit doit s'appliquer à partir de janvier 2015 aux véhicules de plus de 3,5 t utilisant des itinéraires à fort trafic du réseau routier. Une marche à blanc sans facturation est prévue à partir du 1er octobre prochain. En attendant, les professionnels sont actuellement interrogés dans le cadre d'une mission de coordination et de dialogue. Deux groupes de travail, réunissant les chargeurs d'un côté et les transporteurs de l'autre, y travaillent depuis l'été.

Si les coopératives ont obtenu de pouvoir faire figurer en bas de leur facture les charges supportées au titre du péage de transit poids lourds, les industriels de l'agroalimentaire s'inquiètent toujours du mécanisme de majoration forfaitaire de 2 %, applicable aux trajets nationaux et interrégionaux.

Ils craignent de surcroît de devoir payer deux fois (auprès du transporteur en amont et du distributeur en aval). N. Marchand

Voir le site www.service-public.fr

« Moins de pression fiscale »

« On fait une rentrée sans visibilité, les patrons sont inquiets », résume-t-il. Une inquiétude qui pourrait peser sur l'investissement, initialement prévu en hausse de 7 à 9 % en 2014 dans les industries agroalimentaires, et freiner encore la reprise du secteur dans l'Hexagone (voir graphique). Moins de pression fiscale et plus de visibilité, pour relancer la confiance et la consommation, c'est globalement ce que demandent les représentants de la filière au nouveau gouvernement (lui-même encore suspendu au vote de confiance de l'Assemblée nationale).

Rassuré par la reconduction de Stéphane Le Foll à l'Agriculture et la nomination d'Emmanuel Macron à l'Économie (voir page 10), Philippe Mangin, président de Coop de France, compte rapidement obtenir un rendez-vous à Bercy pour confirmer la suppression du C3S pour les coopératives, acté cet été, et demander que « la spécificité des coopératives soit plus prise en compte dans le pacte de responsabilité ».

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