Equarrissage : une question d’équité
Une ultime réunion de filière sur le Service public de l’équarrissage avait lieu hier au ministère de l’Agriculture pour tenter de tirer au clair les questions laissées en suspens par le groupe de travail ayant planché sur le périmètre du service public. Ce groupe de travail avait été mis en place en octobre à la suite du retrait (à la demande d’Hervé Gaymard) de l’amendement du député Marc Le Fur, au budget agricole 2005 qui préconisait le marché libre des déchets d’abattoir à éliminer. Ce groupe a conclu fin novembre à l’intérêt de cette libéralisation, laissant en suspens la question de l’équité entre opérateurs, sachant que les coûts de collecte et de destruction varient fortement d’une région à une autre. Bien placé pour en juger, Bruno Point, président du Sifco (Syndicat des équarrisseurs), admet que la contractualisation fera naître une concurrence, reconnaissant le « manque de souplesse » des réquisitions préfectorales qui ont encore cours. Mais ce dernier continue de penser que le principe du marché public serait le plus vertueux sur le plan économique.
Hier, Bruno Point mettait ce conflit sur le compte du Gouvernement. Celui-ci aurait floué les industriels de la viande en leur imposant une taxe sur les déchets « doublement surévaluée ». Celle-ci est surévaluée d’une part en raison de la non-récupération de la TVA, expliquait-t-il, et la perspective de la récupérer la TVA est un des motifs qui pousse les abattoirs et salles de découpe à revendiquer la contractualisation. Elle est surévaluée d’autre part du fait du calcul l’Etat : « quand on cumule nos factures, on arrive à un coût à la tonne inférieur de 20 euros aux 97 euros versés sous forme de taxe», remarque Bruno Point. Ce dernier comprend aussi le mécontentement des abatteurs d’avoir dû payer une surtaxe afin de rattraper le non-perçu au cours des trois premiers mois de 2004, alors que la répercussion de ce coût à l’aval de la filière demeure partiel.
Les bouchers devaient pour leur part se prononcer sur les colonnes vertébrales de bovins. Bruno Point doutait que ces questions soient tranchées d’ici à la prochaine discussion budgétaire au Sénat, suggérant de les remettre aux discussions sur les Territoires ruraux.