Environnement : InVivo peaufine ses arguments
On ne peut être le premier vendeur français de produits phytosanitaires (774 millions d’euros) et de matières fertilisantes (242 millions d’euros) et rester indifférent aux objectifs du Grenelle de l’Environnement, comme celui de diminuer de 50 % les produits de protection des plantes. InVivo, vu sous cet angle, correspondrait au modèle de « grosse entreprise ayant intérêt à maintenir l’ordre existant » qu’a décrit le professeur Lionel Roure, spécialiste des questions d’innovation au Cnam, mardi à l’occasion de l’assemblée générale de l’union coopérative. Tout au contraire, l’organe central de 288 coopératives de productions végétales ou animales a depuis longtemps mis en place les outils de nouveau modes productifs.
Le colloque organisé à Paris pour l’AG d’InVivo visait à éclairer les dirigeants des coopératives sociétaires sur les différentes facettes de la révolution en cours. Il y a d’un côté des citoyens occidentaux qui demandent au secteur agricole et alimentaire des preuves de bonnes pratiques, comme l’a souligné Christiane Lambert, chef de file de l’agriculture raisonnée, de l’autre, des agriculteurs brésiliens qui ont la conviction de bien faire en défrichant et en intensifiant leurs production, voyant un intérêt dans les OGM, selon les observations d’Hervé Théry, chercheur au CNRS et professeur à Sao Paulo. Selon le sociologue Jean Viard, l’agriculture « chimique » échappe à l’entendement des citoyens qui n’en sont pas moins en attente de rupture. Ne pas leur présenter de projet constructif revient à laisser le champ libre aux « khmers verts ».
Tandis que Christian Renaud, consultant AND International pour la Commission européenne prédit la mort de la Politique agricole, Philippe Lecomte, zootechnicien du Cirad à La Réunion, met en avant l’invitation de la FAO à doubler la production mondiale ; et puisque le sol n’est pas extensible, pourquoi ne pas produire à la verticale, comme l’imaginent des idéalistes américains ? Les innovations de rupture paraissent toujours délirantes au début, remarque Lionel Roure.
Une agriculture «écologiquement intensive»
Ce qui intéresse InVivo est plutôt une agriculture « écologiquement intensive », selon les termes de Michel Griffon du Cirad. Le directeur général Patrice Gollier a relevé tous les éléments qui mettent InVivo du côté gagnant : les pôles de recherche à l’étranger, la sélection de blés rustiques, la persévérance des recherches sur le pois protéagineux (capteur d’azote aérien), la richesse des bases de donnée, le recyclage des matières fertilisantes, l’approche globale animale et végétale et surtout « l’agriculture de précision » qui peut aller jusqu’à la détection du stress végétal.
Voilà trente ans que les services qui constituent InVivo mettent en place des outils d’aide à la décision culturale. Ces outils permettent d’éviter les pollutions.
Par exemple, le programme Epiclès optimise les plans de fertilisation en prenant en compte les impératifs logistiques, budgétaires et environnementaux de l’agriculteur. Ce faisant, il commande l’enregistrement des pratiques. Le relevé de différents indicateurs permet de conserver une empreinte environnementale des travaux et épandages. On peut ainsi calculer par exemple le bilan énergétique de la production du biodiesel, la teneur en nitrates de l’eau drainée dans les parcelles ou le taux de couverture des sols en hiver. Résultats : le reliquat d’azote dans le sol après un colza de rendement moyen est de 4 unités contre plus de 70 il y a dix ans. Le reliquat après blé est de 9 unités contre plus de 40. Une filiale d’InVivo, Biotop, est spécialisée dans les moyens alternatifs de protection des plantes contre les insectes nuisibles : pièges variés et insectes « auxiliaires » de lutte comme les trichogrammes contre la pyrale du maïs, les coccinelles contre les pucerons et autres punaises prédatrices.
Dans quelques mois, InVivo devrait être en mesure de présenter des outils de gestion d’impact environnemental. De quoi fournir d’utiles indicateurs.