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En rachetant Madrange, Cooperl poursuit sa quête de valeur ajoutée

En intégrant les sociétés Madrange, Paul Prédault, Montagne noire, la Lampaulaise de salaisons, le groupe porcin des Côtes-d’Armor (2 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 13 millions de résultat net) se situe désormais à 2,480 milliards d’euros de chiffre d’affaires en année pleine. L’intégration des huit usines de l’ex-FTL, plombé par des malversations financières découvertes à la mort de sa dirigeante Monique Piffaut en 2016, porte à vingt-deux le nombre des sites de production du groupe de Lamballe.

À elle seule, la branche salaison de Cooperl compte désormais quinze usines et sa production totale se situe à 180 000 tonnes de charcuterie-salaison par an pour un chiffre d’affaires non communiqué, mais que l’on peut estimer autour de 800 millions d’euros. Le nombre de collaborateurs bondit de 5 300 à 7 000.

Le groupe se hisse ainsi à la première place du secteur avec 16 % du marché en France. Pour Emmanuel Commault, directeur général de Cooperl Arc Atlantique qui communiquait face à la presse, vendredi 16 juin, cette opération marque « la poursuite de la construction d’une filière verticale démarrée il y a cinquante ans ». « Les marques nous permettront de nous adresser à un plus grand nombre de consommateurs finaux, et elles valoriseront au mieux la production de nos adhérents », indique-t-il.

Cette organisation donne un avantage compétitif aux éleveurs

La filière verticale évoquée par Emmanuel Commault se traduit par 5,8 millions de porcs produits par 2 700 élevages adhérents, de la génétique, de la fabrication d’aliments (1,5 million de tonnes dans trois usines), trois abattoirs qui traitent 4,8 millions de porcs par an (82 % de la production) plus un atelier de découpe, et la branche charcuterie-salaison.

Selon le président du groupe Cooperl, Patrice Drillet, cette organisation en filière donne déjà « un avantage compétitif aux éleveurs qui travaillent avec nous par rapport à la concurrence », dit-il en se référant à quelques indicateurs économiques, notamment une marge brute supplémentaire de 181 euros par truie et par an. « Ils bénéficient de notre politique qualité, de nos efforts pour accentuer la segmentation et développer nos débouchés à l’exportation (27 % en volume, 33 % en valeur, ndlr) », complète-t-il.

Un signe qui ne trompe pas, poursuit en substance Patrice Drillet : les adhérents Cooperl produisent 30 % des porcs des Côtes-d’Armor mais représentent 60 % des projets d’investissement. Une stratégie qui donne à Cooperl les clés « pour créer les conditions d’une croissance rentable sur un marché internationalisé, très concurrentiel et en voie de segmentation », souligne le groupe.

Le porc sans antibiotique, futur standard

La segmentation dont parlent les dirigeants de Cooperl repose notamment sur le développement, depuis deux ans, d’une gamme issue de porcs non castrés. 80 % des porcs de Cooperl Arc Atlantique ne sont plus castrés. Les craintes de la profession vis-à-vis de la qualité de la viande ? Balayées d’un revers de main par Cooperl pour qui ce dossier « ne pose plus aucun problème ».

Le groupe coopératif a depuis poussé son avantage en développant en élevage la démédication après le post-sevrage. Près de 30 % de ses animaux ne reçoivent plus aucun traitement antibiotique, en réponse à une demande de plus en plus forte de la Société et des autorités sanitaires. Et leur viande est valorisée en produits de salaisons dans une gamme dite « bien élevées ». Selon le groupe, ces produits de charcuterie ont vu leurs ventes doublées en 2016, et ce, pour la seconde année consécutive.

« Nous envisageons de convertir une grande partie de notre production au sans antibiotique, indique Emmanuel Commault, nous pensons que ce mode de production deviendra un jour le standard de production pour nous permettre de mieux résister face à la concurrence. » Il reconnaît que ce n’est pas forcément aisé de basculer dans ce mode de production « sans filet », qui réclame d’accroître les normes de biosécurité et d’améliorer les pratiques en élevage.

Le groupe propose un plan d’accompagnement technique pour aider les éleveurs à franchir le pas. Cooperl ne donne pas les détails de la rémunération, parlant de la volonté des éleveurs de développer avant tout l’étique dans leur façon de travailler.

Cooperl Arc Atlantique était déjà fournisseur des usines Madrange et consorts. Il va continuer de les approvisionner en jambons et autres morceaux destinés à la transformation, tout en engageant un important plan d’investissement pluriannuel pour remettre à niveau certains des outils repris.

Un portefeuille de marques élargi

Cooperl va par ailleurs poursuivre la modernisation de sa filière avec des investissements qui devraient être supérieurs en 2017 aux 66 millions d’euros de 2016 (lire encadré). Pour le groupe porcin, cette politique d’acquisitions et de modernisation n’a qu’un seul but, dit-il : atteindre « des objectifs de production de qualité, durable et offrant des garanties claires en matière de nutrition et de santé. » Une quête de valeur ajoutée que Cooperl développera dans les années à venir sous un portefeuille de marques élargi, pour qu’elle bénéficie logiquement aux éleveurs adhérents de Cooperl.

Un niveau d’investissement qui augmente

Après l'année 2016 qui avait constitué un record d’investissement (66 millions d’euros), Cooperl Arc Atlantique va accroître encore ses dépenses industrielles. Il met en route cette année, pour 15 millions d’euros, une unité de méthanisation des effluents d’élevage de ses adhérents d’une puissance de 7 MWh. Un investissement stratégique puisque ces effluents qui ne seront plus épandus libéreront de la surface et pourraient permettre, à terme, d’augmenter la production d’animaux. Le second investissement porte sur le démarrage de la construction, à Plestan (Côtes-d’Armor), d’une unité de préparation de commandes automatisée pour une mise en service prévue fin 2018. La remise à niveau des outils de salaisons qui viennent d’être repris nécessitera, elle, « un plan d’investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros », dit Emmanuel Commault, sans en donner les détails.

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