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Doha se donne une dernière chance

Les négociateurs du cycle de Doha n'ayant pu tomber d'accord sur le dossier agricole ce week-end à Genève, le directeur général de l'OMC Pascal Lamy s'est résolu à endosser le rôle de «catalyseur» que lui ont proposé les six principaux acteurs du cycle (UE, Etats-Unis, Brésil, Inde, Japon et Australie). Il a admis que la négociation était au point mort. «Nous avons manifestement besoin d'un mode opératoire différent. C'est pour cela que les membres m'ont mandaté pour jouer le rôle de catalyseur», a-t-il expliqué. «Les risques sont plus élevés pour moi mais les bénéfices seront plus grands pour les Etats membres», a-t-il aussi reconnu. «Si nous ne changeons pas de cap dans les deux semaines, nous n'aurons pas de percée cet été dans les négociations et nous serons face à un échec», a averti le commissaire au Commerce Peter Mandelson.

Organisation «médiévale»

Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim a expliqué que Pascal Lamy pouvait «formuler des questions qu'il est parfois difficile (pour les négociateurs) de poser aux autres parce que cela implique d'échanger des positions de négociations». Pour M. Amorim, Pascal Lamy connaît les cartes que chaque joueur tient dans son jeu. Le directeur général a une idée «assez précise» de l'équation qui permettrait un accord sur les «grands chiffres» clefs (baisse des tarifs et subventions agricoles, réduction des tarifs industriels), confirme une source proche de l'OMC. M. Lamy a annoncé qu'il lancerait rapidement une phase de consultations intenses au plus haut niveau politique. Et en toute discrétion.

La nouvelle démarche semble prometteuse, mais c'est une vraie révolution pour l'OMC. Cette organisation a été jusqu'alors «pilotée par ses membres», selon la formule consacrée. «On ne passe pas en 48 heures d'un processus dirigé de la base à une démarche où l'initiative viendrait du sommet», avertit une source à l'OMC. S'il gagne ce pari risqué, Pascal Lamy aura fait un pas important vers la réforme d'une organisation qu'il avait qualifiée de «médiévale» quand il était encore commissaire européen, au poste de M. Mandelson.

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