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Des raisons d’espérer pour les moutonniers

La commission des affaires économiques du Sénat soutient un rapport qui relève l’impératif économique et territorial de l’agneau. Barnier et Fischer Boel affichent leur préoccupation pour une espèce négligée.

Les sénateurs Gérard Bailly (UMP – Jura) et François Fortassin (RDSE – Hautes Pyrénées) ont rendu public hier leur rapport intitulé « Revenons à nos Moutons – Un impératif pour nos territoires et notre pays » approuvé à l’unanimité par la commission des Affaires économiques du Sénat et qui sera présenté au ministre de l’Agriculture dans les prochaines semaines. Les 87 pages de cet ouvrage dressent un bilan général de la filière ovine et formule une quinzaine de préconisations pour la soutenir. Ce soutien est justifié par les atouts environnementaux, sociaux et économiques de la filière alors que les éleveurs d’ovins « sont toujours en queue du peloton des revenus agricoles », ont insisté hier les sénateurs. Gérard Bailly et François Fortassin lancent l’alerte face au péril de la déprise, le troupeau ayant perdu un quart de ses effectifs et 60 % de ses éleveurs depuis 1980. De nouvelles causes de découragement s’ajoutent en effet aux difficultés connues jusqu’alors: la hausse des matières premières, les prédateurs contre le pâturage, la fièvre catarrhale ovine.

Le rapport insiste particulièrement sur l’intérêt de l’activité pastorale pour l’environnement. Pouvant s’installer dans des zones inaccessibles aux bovins, certaines races de moutons constituent un « dernier rempart avant la friche ». Le pâturage des brebis est réputé pour limiter les risques d’incendies et aussi de coulées de neige sur les fortes pentes. L’amélioration des conditions de vie des bergers, de l’accès aux estives et la régulation des prédateurs sont présentés comme des impératifs. Dans cette logique d’ailleurs, Gérard Bailly avait proposé, dans le cadre du budget 2008, d’allouer aux structures pastorales 3 millions d’euros du budget consacré à l’introduction des loups et ours (plus de 7 millions). Son amendement, regrette-t-il, a été rejeté par deux voix.

Mais pour parer au plus pressé, il s’agit de revaloriser l’aide par brebis afin d’arrêter l’hémorragie, et cela avant l’échéance de 2013.

« Rapprocher abattoirs et lieux de production »

L’élevage ovin est défavorisé, soulignent les sénateurs. « On ne comprend vraiment pas pourquoi les aides communautaires à l’UGB sont inférieures de 25 % à celles versées aux éleveurs de bovins alors qu’elles devraient leur être supérieures d’au moins 25 % parce que les conditions sont plus difficiles », s’est exprimé Gérard Bailly hier.

En dehors de l’indispensable amélioration des performances économiques de l’élevage, le rapport suggère plusieurs mesures en faveur de la viande d’agneau. Des mesures visant à l’efficacité économique : l’organisation de l’offre, « rapprocher les abattoirs des lieux de production »tout en relançant les circuits courts, mieux valoriser l’ensemble de la carcasse. En matière d’information du consommateur, les sénateurs veulent une étiquette plus informative. En particulier, la date d’abattage défavoriserait la viande néo-zélandaise présentée comme fraîche.

Michel Barnier a entendu au moins partiellement Gérard Bailly, ce dernier ayant suivi le ministre avec une délégation à Bruxelles. Le ministre envisage d’utiliser plus largement l’article 69 de la PAC permettant de consacrer 10 % de la masse des aides directes du « 1 er pilier » à des objectifs environnementaux relevant du 2 e pilier. Cependant, note le sénateur, même un transfert de 15 % ne représente pas une somme considérable.

La Commission n’est pas restée sourde non plus puisque la Commissaire Mariann Fischer Boel se prononce en faveur d’un rééquilibrage en faveur de l’élevage ovin, distinguant ainsi une production du cadre de la politique de la montagne où elle aurait pu la reléguer.

Aura-t-on recours à l’article 69 ?

La France ne sera pas le seul pays à prendre la défense de l’élevage ovin. L’an dernier, l’Irlande a réalisé son propre bilan visant la politique communautaire. La commission agricole du Parlement européen doit elle-même étudier la question dès le mois de mai. L’Institut de l’élevage doit lui remettre ses informations à la mi-février. Selon une responsable nationale de l’élevage ovin, toute forme d’aide est à envisager hormis la prime à la brebis : prime à l’abattage, prime à l’herbe, etc.

Elle note que l’article 69 est peu intéressant en l’état, car il n’autorise de transfert qu’au sein d’une même filière. Selon plusieurs sources, la mobilisation en faveur de la filière ovine est manifeste. C’est le moment de faire les bons choix.

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