Des IAA de plus en plus internationales
Avec un chiffre d’affaires de 90 milliards de dollars (en 2005), le groupe Nestlé peut sans problème prétendre au titre de géant de l’agroalimentaire. Pour autant, son poids mondial reste limité, avec 7 000 milliards de marchandises échangées sur la planète cette même année.
La faiblesse des IAA dans le commerce mondial constitue cependant la base de leur expansion grandissante. Dans son numéro de mars 2008, la revue des Chambres d’Agriculture a consacré son dossier au poids des firmes agroalimentaires, qui connaissent une internationalisation croissante pour étancher leur soif de nouveaux débouchés, de parts de marché et optimiser leurs structures industrielles. En étudiant une batterie d’indicateurs économiques, les auteurs de ce dossier ont notamment observé que les flux d’investissements directs à l’étranger ont doublé en 15 ans, complétés par un dynamisme récent des fusions acquisitions et des constructions de sites.
Depuis quelques années, on constate aussi l’orientation de plus en plus importante des firmes vers un modèle « pure player », centré sur un nombre limité de produits et/ou secteurs. Si Unilever s’est désengagé de Boursin, trop éloigné de son coeur de métier, le fromager Bel n’a pas hésité à rafler la mise.
Dans l’industrie de la viande, le Brésilien JBS-Friboi n’a cessé de se renforcer, en mettant la main sur l’américain Swift Foods Company USA et sur l’Italien Cremonini, tandis que Doux investit au Brésil. Mais compte tenu de la proximité des marchés locaux et des contraintes logistiques (on n’envoie pas de lait à l’autre bout de la planète pour fabriquer du fromage), le taux d’ouverture, qui prend en compte l’import et l’export, reste encore faible dans les IAA (voir graphique). L’Europe de l’Ouest, ou les marchés de l’alimentation sont matures, ne sera pas la grande gagnante de ce mouvement d’ouverture. Car « les entreprises font évoluer en permanence les réseaux internationaux de production pour s’adapter à l’évolution des marchés et des coûts. D’où de fréquentes restructurations » note François Hatem, de l’Agence Française pour les investissements internationaux.