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De moins en moins d'erreurs de fabrication


> Les banques alimentaires constatent une moindre collecte du côté des industriels en quantité.
Les spécialistes de la récupération des produits alimentaires voient les offres des industriels diminuer à titre individuel. Ils se l'expliquent tout en restant confiants pour leurs activités respectives. Témoignages.

C'est le constat des déstockeurs, des opérateurs sociaux et des professionnels du déconditionnement de produits alimentaires : les industriels de l'agroalimentaire ont fourni moins de produits l'an dernier. Et personne ne le déplore. « Chacun essaie d'être plus performant », comprend Jacques Vituret, qui, bien que retraité, continue à suivre l'activité de la société Viben (supermarché Dali-Market), opérant surtout dans les produits frais à DLC courte. « Autrefois, on nous proposait beaucoup plus de produits », se souvient-il. Mais il n'est pas inquiet pour l'avenir, car selon lui, « aucun industriel n'arrivera à affiner sa production à 100 % ». Les banques alimentaires concurrencent partiellement ceux qu'elles nomment les « soldeurs ». Pour autant, elles aussi ont constaté une restriction de l'offre. « Les donneurs se font plus nombreux, mais la quantité donnée par chacun ne progresse pas forcément », observe Dominique Lambert, administrateur de la Fédération française des banques alimentaires. D'où son analyse de l'évolution des dons l'an dernier : une progression glo-bale de 10 %, moindre du côté des industriels. Ces derniers « font plus attention à leurs stocks et c'est très bien », affirme-t-il.

Audits dans les entreprises

Même constat chez Recupal en Belgique, société de déconditionnement et de valorisation des produits, qui voit ses tonnages livrés diminuer en tendance mensuelle. « Tout le monde fait attention », comprend le directeur commercial flamand, Peter Verrue. « Les sociétés font faire des audits ; elles font moins d'erreurs de fabrication », s'explique-t-il. Par conséquent, les invendus autant que les rebuts se font moins abondants, sauf circonstances exceptionnelles. Cela va dans le sens de la lutte contre le gaspillage alimentaire initiée par le gouvernement. Guillaume Garot, en présentant l'an dernier son rapport de mission parlementaire sur le sujet, établissait cette hiérarchie à l'intention des industriels : d'abord éviter les pertes, ensuite, privilégier la consommation humaine, puis s'efforcer de valoriser en alimentation animale. La destruction grâce à la méthanisation venait en ultime position. Sa mission a mis en évidence une part de responsabilités de l'industrie agroali-mentaire importante. Cette part avait été très sous-estimée en 2011 par le Medde (ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie) : 150 kilotonnes par an sur un total de 7 120 kilotonnes annuelles. La mission Garot l'établit à 600 kilotonnes par an sur un total compris entre 5 495 et 9 670 kilotonnes annuelles, soit presque

Aucun industriel n'arrivera à affiner sa production à 100 %

autant que ”le commerce et la distribution (voir graphique).

Ce niveau est très proche de l'estimation de l'étude Bio Intelligence Service réalisée en 2010 pour l'Europe à 27. Pour autant, Dominique Lambert trouve que « les recommandations de Guillaume Garot se concentrent essentiellement sur l'interdiction de jeter faite aux distributeurs, qui ne correspond qu'à 5 % du volume destructible », souligne-t-il. Il estime le potentiel important dans l'industrie et attend au moins de la loi anti-gaspi, qu'elle lève les freins à la récupération des marques de distributeurs.

A. G. : La loi n'impose aucune obligation nouvelle, elle rappelle

juste des possibilités. La seule obligation est faite à certaines grandes surfaces de proposer une convention de don avec une ou plusieurs associations caritatives. Et elle punit d'une sanction pénale de 3 750 euros un distributeur qui rendrait délibérément impropre à la consommation les invendus alimentaires encore consommables, sans préjudice des dispositions réglementaires relatives à la sécurité sanitaire. Cela fait beaucoup de conditions ! Ce qui pourrait faire peur, c'est la peine complémentaire d'affichage, car on touche au risque réputationnel. LMH : Cette loi n'implique donc aucun

changement pour l'industriel dans la manière de gérer ses produits déclassés, si je vous comprends bien... A. G. : Effectivement, cette loi pointe surtout la grande distribution. Elle n'apporte pas de grandes nouveautés si ce n'est d'attirer l'attention sur un secteur. Mais le risque réputationnel, lui, dépasse largement le cadre de la loi. Il suffit que des élus disent telle chaîne de distribution fait des difficultés pour donner des produits, ou cet industriel détruit de la viande, et l'image d'une entreprise peut être affectée. Les entreprises sont déjà exposées au risque de réputation. Il n'y a pas besoin de loi pour ça. Propos recueillis par Nathalie Marchand

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