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Dans l'attente d'un cadre législatif pour le maïs Bt

Les producteurs du Sud-Ouest ont devancé la loi sur les OGM en installant des dispositifs anti-évasion. Ils ne l'attendent pas moins pour faire reconnaître leurs pratiques et cultiver davantage de maïs Bt.

Les semis de maïs vont commencer dans le Sud-Ouest alors que la France ne transposera pas avant la fin de l'année la directive européenne concernant la culture de plantes OGM. Cette absence de cadre réglementaire n'empêchera pas une vingtaine d'adhérents de la coopérative Maïsadour, basée dans les Landes, de semer quelque 250 hectares de maïs Bt résistant à la pyrale et la sésamie, deux insectes dont la larve dévore les tiges. Cette surface se noiera dans les presque 100 000 hectares prévus par le service des approvisionnements de la coopérative. Cependant, Maïsadour prévoit que leur production sera collectée, acheminée, stockée puis commercialisée dans un circuit dédié. La coopérative est en effet pionnière de la Charte Qualité du Grand Sud-Ouest pour le maïs, qu'elle a contribué à bâtir dans un contexte de complète carence réglementaire en matière d'OGM. Celle-ci consiste à réduire au minimum la présence fortuite de grains issus de variétés génétiquement modifiés dans les lots de maïs standard, par des moyens appropriés, depuis la semence jusqu'au chargement (par camion, train complet ou bateau).

L'un des moyens employé est l'application à la lettre du guide de cohabitation de cultures OGM avec les autres, élaboré par l'organisation nationale du maïs, Maizeurop (AGPM) et l'Institut du végétal. Grâce au respect de distances étudiées et à l'implantation de « bandes refuges » (destinées à prévenir l'adaptation des insectes au maïs Bt) en pourtour, « la contamination fortuite des parcelles voisines est bien inférieure à 0,1 %», assure le responsable des approvisionnements de la coopérative landaise. Les cultivateurs qui ont acheté ces semences sont liés à l'organisme de collecte par un contrat de reprise du grain produit. Ce dernier sera stocké dans un silo dédié car la plupart des acheteurs, fabricants espagnols d'aliments pour animaux, demandent une marchandise qualifiée. Tous les producteurs de maïs sont tenus de déclarer par écrit la nature des semences utilisées sur telle ou telle parcelle. Enfin, les producteurs de maïs Bt seront soumis aux audits prévus dans le cadre de l'assurance qualité Agriconfiance dont Maïsadour est aussi pionnière. Toutefois, la vallée de l'Adour n'est pas très infestée de Pyrales et ne connaîtra donc qu'un développement limité du maïs Bt.

La Toulousaine des Céréales s’abstient

L'aire de production de la Toulousaine des Céréales est beaucoup plus concernée. Si les adhérents de cette seconde coopérative renoncent à semer du maïs Bt en 2006, certains pourraient commencer au printemps prochain, apprend-t-on auprès du service des approvisionnements. Les variétés munies du gène de résistance à l'insecte constituent une solution pratique pour réduire le taux de mycotoxines que la fusariose (champignon microscopique) laisse dans le grain ; la larve de pyrale étant un vecteur privilégié d'attaques de fusariose.

Les producteurs biologiques de Maïsadour et de la Toulousaine ne s'émeuvent pas de la présence ou du développement prochain de cultures génétiquement modifiées, témoignent les services « appro » des deux coopératives. Maïsadour recense 2 000 ha de maïs bio, qui bénéficient des mêmes protections que les maïs doux (légume) et Waxi (à corn-flake). « Du moment que c'est encadré ! », commente le responsable de la Toulousaine.

L'intérêt économique du maïs Bt est moins évident, du fait d'une probable pression sur les prix des acheteurs espagnols et de surcoûts logistiques. Aussi, l'AGPM doute-t-elle de la réalisation cette année des 3 000 à 6 000 ha de semis avancée par le sénateur Jean Bizet, rapporteur du projet de loi OGM pour la Commission économique du Sénat. Le chiffre qui se dessinera en juin pourrait s'inscrire, selon la filière, dans une fourchette très large allant de 500 ha (surface 2005) à 10 000 hectares.

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