Crise : Dans une déclaration adressée à Stéphane Le Foll, la filière s’engage à stabiliser la production
L’interprofession a adressé au ministre de l’agriculture, une déclaration d’engagement et de responsabilité face à la crise. Une position qu’elle souhaite voir adopter par les autres pays européens.
Début avril, le Ministre de l’agriculture français, Stéphane Le Foll, a réuni les acteurs de la filière laitière française afin d’avancer sur les modalités concrètes de mise en oeuvre d’une régulation temporaire du marché laitier. La crise ne cessant de s’amplifier, la Commission européenne a décidé, suite au Conseil des ministres de l’agriculture européens du 14 mars dernier, de déclencher des mesures exceptionnelles pour soutenir les agriculteurs européens en période de crise. Parmi les mesures figure la possibilité offerte d’appliquer une planification temporaire de la production, en application de l’article 222 de l’organisation commune de marché. Cet article permet aux opérateurs de déroger aux règles de la concurrence et de réguler temporairement la production (pour une durée de six mois renouvelable une fois).
Preuve de responsabilité
Dans ce contexte, le Cniel s’est mobilisé pour faire converger les avis de toutes les composantes de la filière. Ceci a abouti à une déclaration portée par les présidents de la FNPL, la Fnil et la FNCL, et adressée le 6 avril à Stéphane Le Foll dans laquelle « l’interprofession laitière française prend ses responsabilités et s’engage à stabiliser la production de lait. » Les signataires soulignent toutefois que l’élan doit être partagé au niveau européen. « Comme la filière laitière française, la filière laitière européenne doit faire preuve de réalisme et de responsabilité afin de sortir au plus vite de cette crise qui met en grave difficulté les exploitations laitières européennes », conclut la déclaration. « C’est un point essentiel pour confirmer notre part dans la prise de responsabilité», souligne Caroline Le Poultier, directrice du Cniel. C’est pour cela que la filière demande aux autorités européennes que cet engagement soit accompagné pour les producteurs concernés d’une mesure d’indemnisation incitative. Et bien évidemment, l’accès à toute mesure d’aide publique, dont l’intervention et le stockage privé, doit être conditionné pour les opérateurs concernés à un engagement de stabilisation temporaire de la production de lait durant la période d’application de l’article 222 ».
Convaincu de la nécessité de traiter la crise à l’échelle européenne, Stephane Le Foll, conjointement avec son homologue belge, a sollicité le Parlement européen pour mobiliser largement autour de cette démarche. Une demande qui a été entendue. La Commission agriculture du Parlement européen organisera une réunion le mercredi 25 mai 2016 pour impliquer l’ensemble des acteurs de la filière au niveau européen autour d’une maîtrise temporaire de la production laitière. A suivre.
Rita Lemoine
Enjeux
La filière laitière française s’était fixée en 2014 un objectif de croissance de la production laitière de 2 % par an, entre 2014 et 2020. Alors que les stocks à l’intervention atteignent des niveaux très préoccupants, les professionnels français s’engagent dans cette déclaration à différer leur objectif de croissance de production. Compte tenu de la quasi-stabilisation de la production l’an dernier, le report de cet objectif pour les exercices 2015 et 2016 atteindra environ 1,5 milliard de litres de lait non produits en France. Le retrait de ces volumes sur la base de produits d’intervention, représenterait une économie de 380 millions d’€ pour le budget européen.