Coteaux nantais accélère sur les investissements

Lorsque Benoît Van Ossel a pris en 1998 le contrôle majoritaire des Coteaux nantais, dont l'origine remonte à 1943, la société réalisait 880000 euros de chiffre d'affaires avec quatorze salariés. Elle affiche sur 2014 un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros et emploie 112 permanents, un effectif presque doublé en saison. Le dirigeant s'est appuyé sur ses deux associés, des « historiques » des Coteaux, Robert Dugast sur la partie vergers et recherche variétale et Michel Delhommeau sur la station fruitière. Il n'a eu de cesse d'aller de l'avant, d'investir et d'innover pour faire de cette PME le leader européen de l'arboriculture en biodynamie. Elle produit sur ses vergers quarante variétés de pommes (plus de 2 000 t), six de poires (400 t), des fraises, des kiwis, des prunes…
Alors que la société investit en moyenne chaque année 750 à 950000 euros, elle va consacrer en 2015, 1,5 million d'euros à son développement. Près de la moitié de cette enveloppe va être dédiée à l'extension de 1200 m2 de la station fruitière de Vertou, berceau de l'entreprise. 1500 t de pommes sont stockées sur le site, où sont mis en œuvre des procédés doux permettant d'améliorer la conservation des fruits (thermothérapie, absorbeurs d'éthylène, générateurs d'azote). Une calibreuse robotisée de marque Greefa va être installée dans les prochains mois et permettra au site de passer d'un potentiel de 5500 à 7500 t calibrées. Outre les fruits de leurs propres vergers, les Coteaux nantais commercialisent et transforment des pommes de vergers partenaires, qu'ils ont accompagnés dans la démarche de biodynamie.
Lourds investissements à RemouilléAfin de sécuriser la production face aux risques de grêle, les Coteaux nantais exploitent six vergers autour de Nantes, soit 94 hectares, dont 66 en production. La dernière acquisition remonte à 2006, avec l'achat d'une ferme de 36 hectares sur le site de la Caffinière, à Remouillé. Les investissements sont récurrents sur les vergers, à hauteur de 250 000 euros chaque année. Tous sont dotés de chambres de stockage, d'une capacité totale de 3 000 tonnes et de stations météo dotées de la télétransmission. Ce modernisme vient en renfort du sens de l'observation des vingt permanents des vergers et des méthodes traditionnelles : en cas de gel tardif, c'est en allumant des bougies que les salariés des Coteaux nantais font monter la température autour des arbres ! Le verger de Remouillé a concentré récemment de gros investissements, comme l'achat d'une plateforme électrique de cueillette (40000 €) ou le creusement d'un étang de 7,30 mètres de profondeur (230000 €), où l'eau récupérée sur les toits des bâtiments est dynamisée puis ramenée vers le verger. Appelé à prendre davantage d'ampleur, le site de la Caffinière va accueillir une nouvelle chambre de stockage d'une capacité de 400 tonnes, liée à la plantation de 7 à 10 nouveaux hectares. Benoît Van Ossel veut également y créer un écovillage. Le projet mêle agroforesterie, chambres d'hôte, boutique de produits bios locaux, formations sur le bio et jardins pour les enfants d'écoles nantaises.
L'inconnue du MinLa transformation des fruits bénéficie de 750 000 euros d'investissement chaque année. Elle a connu un essor fulgurant avec l'arrivée de Benoît Van Ossel, passant de 4 % du chiffre d'affaires en 1998 à 46 %, et apportant une vraie valeur ajoutée au travail des vergers. Les liquides (jus, cidres, vinaigres de cidre) sont produits à Vertou tandis que les pâteux (compotes, purées de fruits, confitures…) sont depuis 2009 fabriqués dans un atelier de 3 500 m2 sur le Min de Nantes.
Régulièrement enrichie en nouveautés, la gamme de produits secs compte 150 références, certifiées Demeter ou Ecocert. Elles sont commercialisées dans le circuit spécialisé bio sous le nom Coteaux nantais ou sous marque d'enseigne, et sous la marque Pla-net bio en GMS. Le développement du transformé a également permis aux Coteaux nantais de grandir à l'export, où la société réalise 17 % de son chiffre d'affaires et vise les 25 %. Présente en Europe, au Japon depuis peu, la société démarre ses ventes aux Émirats arabes unis et aux États-Unis. « Notre Apibul est dans les magasins Whole Foods, notre vinaigre de cidre chez Trader Joe's et Whole Foods. On le fait à l'ancienne, en fûts de chêne, les Américains aiment “ the story ” », rapporte Benoît Van Ossel, qui a constaté sur place l'importance de la tendance nutrition santé. Tout pourrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes bios pour les Coteaux nantais si ne pesait l'incertitude du Min.
Benoît Van Ossel n'a pas seulement donné un grand coup d'accélérateur aux Coteaux nantais. Il a repris en 2008 le grossiste Provinces Bio, créé en 1996 sur le Min de Nantes. La société réalise un chiffre d'affaires de 10 M€ et emploie vingt personnes. L'entrepreneur a également créé Kerbio, qui livre des paniers de fruits et légumes sur l'agglomération nantaise. 700 paniers sont distribués chaque semaine sur des points relais ou en proximité par des tricycles électriques.
Le marché nantais doit déménager à Rezé à l'horizon 2018 et Benoît Van Ossel aimerait que les décisions politiques soient prises rapidement. Le dirigeant souhaiterait disposer de 1,5 hectare sur la future zone agroalimentaire et d'un carreau au Min, pour un investissement proche des 4 millions d'euros. Si le dossier n'avance pas assez vite, il pourrait être tenté de céder aux appels du pied de la Communauté de communes de Clisson ou de la Vendée. Thierry Goussin