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CookUp Solutions : « Nous sommes encore là, car nous étions solides »

Si Comigel, devenu CookUp Solutions en janvier, était déjà bien connu des industriels et distributeurs, le grand public l'a découvert lors du horsegate. Un an après, Les Marchés ont rencontré ses dirigeants qui confient leurs ambitions à 5 ans.

Sur la façade de l'usine, située dans un parc d'activités à la périphérie de la capitale luxembourgeoise, le logo «Cook-Up Solutions » est flambant neuf et s'affiche en grand. Plus qu'un simple changement de nom, pour Erick Lehagre, président de l'entreprise, « c'est un nouvel élan. On n'a pas changé de nom pour changer de nom. On tient également à apporter une meilleure connaissance de notre métier ». Rappel des faits : début 2013, l'Europe découvre l'existence d'un vaste trafic de viande équine. Comigel, fabricant de lasagnes dont celles à la marque Findus, est mis en cause dès le début de l'affaire et entendu par les autorités françaises (DGCCRF, etc.).

Rapidement l'enquête montre que la fraude est ailleurs et l'entreprise est mise hors de cause. Reste qu'un an après elle subit encore le contrecoup de cette affaire. L'industriel – dont l'actionnariat se partage entre Unigrains et Céréa Partenaires (à 60 %), Euro-capital et le management – est donc devenu CookUp Solutions en janvier dernier.

Des filières plus courtes

Nous travaillons en direct avec quatre abattoirs que nous auditons

Afin de retrouver la confiance de ses clients et des consommateurs, l'entreprise a décidé de revoir sa manière de communiquer. Le service qualité a alors mis noir sur blanc ce que l'entreprise faisait, à travers une plateforme appelée Qualipledge, récapitulant les points d'engagement. L'usine a également ouvert ses portes à l'ensemble de ses clients. Une quarantaine de visites et d'audits de sociétés spécialisées s'y sont déroulés en un an. De plus, la chaîne d'approvisionnement des matières premières a été repensée. Les dirigeants l'avouent, ils ont été comme beaucoup « abasourdis » par le chemin parcouru par la viande, de l'abattoir roumain jusqu'à leur usine, alors « que nous achetions une viande de bœuf française élevée et abattue en France ». L'accent a donc été mis sur ces chaînes d'approvisionnement. « On a construit une nouvelle démarche. On a raccourci les filières. Maintenant nous travaillons en direct avec quatre abattoirs que nous auditons systématiquement et régulièrement. Dans notre cahier des charges, il est également spécifié que les bêtes doivent arriver sur pieds, et nous imposons de nombreux points qualitatifs, comme l'exclusion des carcasses déclassées », explique Frédéric Villain, directeur du site de Capellen. De même, l'entreprise effectue des ” tests ADN sur tous les lots de viande réceptionnés. Le service qualité procède à trois prélèvements aléatoires par palette reçue. « Ces analyses sont libératoires. Une palette n'entre pas en production tant que le résultat n'est pas connu. » Même chose en sortie de production, où chaque lot de produit fini est à nouveau testé avant expédition. « Avec toutes ces démarches, nous ne pouvons pas nous positionner sur certains marchés. Les tests ADN notamment ont un coût », explique Erick Lehagre. Si Cook-Up Solutions a commencé par la viande, elle prévoit d'étendre l'expertise de ses approvisionnements à toutes les filières. « Nous travaillons actuellement sur notre approvisionnement en poisson. Nous regardons quels tests sont disponibles pour vérifier les espèces, et s'il faut aller voir ce qu'il se passe sur les bateaux de pêches, nous le ferons ! Notre but est de connaître, de maîtriser et de raccourcir toutes nos filières d'approvisionnement », note Frédéric Villain. La société est également en train de réaliser la transition de la traçabilité papier au 100 % informatique. Les deux systèmes coexistent encore pour quelques mois. « Cela nous permet de retrouver quasi instantanément un lot fabriqué à partir d'un ingrédient et vice versa », constate Frédéric Villain.

LA PETITE SŒUR ROCHELAISE ÉVITE LA CRISE

L'usine de Capellen (Luxembourg) n'est pas la seule du groupe CookUp Solutions (ex-Comigel). En 2010, l'entreprise dont le siège est basé à Metz a en effet acheté l'usine Atlantique Alimentaire. Un rachat qui a permis à l'époque au chiffre d'affaires de passer la barre des 100 millions d'euros. L'usine de La Rochelle, rebaptisée elle aussi, n'a pas eu à subir les conséquences directes du horsegate. Cette dernière, spécialisée dans la fabrication de quiches, tartes, crêpes et gratins, emploie 190 personnes et affiche une capacité de production de 20 000 tonnes (15 000 réalisées en 2012).

Cinq ans pour retrouver 100 % de son niveau d'activité

De nouvelles références feront leur apparition prochainement

Les dirigeants de CookUp Solutions espèrent avant tout que le marché des plats cuisinés surgelés se redresse. « Il a souffert partout en Europe mais surtout en France », constate Erick Lehagre. Actuellement, les cinq lignes de production, consacrées aux lasagnes, cannellonis, plats familiaux, plats individuels, sachets IQF tournent à 60 %, sur un site à la capacité de 25 000 tonnes. Première conséquence : l'emploi. Si l'entreprise a évité le plan social, elle n'a plus les moyens d'embaucher des intérimaires. Plus de 120 postes ont été suppri-més. « Nos perspectives à court terme restent modestes, car il faut donner du temps au temps. En matière d'innovation notre service R&D met les bouchées doubles », note-t-il. Trois chefs cuisiniers travaillent pour répon-dre aux appels d'offres et créer de ” nouvelles recettes. De nouvelles références produites sur le site feront leur apparition prochainement dans les rayons : à titre d'exemple, un cannelloni riche en bœuf, un boudin noir et son écrasé de pomme de terre ou encore des lasagnes aux légumes. « Nous avons réussi à traverser cette crise, car l'organisation, les process et les équipes étaient solides, et qu'en bon père de famille nous avions “ un bas de laine suffisant ”. Le tout rendu possible par un très bon soutien de nos actionnaires, mais maintenant il faut redémarrer. Nous nous donnons 4 à 5 ans pour redevenir une véritable référence européenne, ce que nous étions, dans les solutions “ cœur de repas ” », conclut Erick Lehagre.

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