Comment Sieur d'Arques a redressé la tête
> La cave coopérative de Limoux a investi près de 6 M€ en 2012 et 2013 pour réduire ses coûts de production. 2 M€ vont désormais être injectés dans la logistique.
Les 12 et 13 avril prochains, Sieur d'Arques fêtera à Tourreilles (Aude) les 25 ans de sa grande manifestation annuelle « Toques et Clochers ». L'atypique cave languedocienne, la seule à produire des effervescents dans la plus grande région viticole française, revient pourtant de loin. Après des années de déficit, la nouvelle équipe élue à la tête de la coopérative en 2012 se voit contrainte d'engager des mesures drastiques. « Entre mai et août 2012, la coopérative a dû se séparer de 35 personnes, soit près du tiers de ses effectifs », précise le président Maurice Lau-tard, qui convainc les adhérents de procéder à un abandon de créances de 1,3 million d'euros. « Nous avons décidé de revoir en profondeur nos méthodes afin de gagner en efficacité », poursuit le vigneron. La cave de Limoux a investi près de 6 millions d'euros en 2012 et 2013 pour réduire ses coûts de production. « L'effort va être poursuivi dans les trois prochaines années, avec 2 millions d'euros pour améliorer la logistique, les sorties de ligne et regagner en rentabilité », indique Maurice Lautard. Le principal producteur de Limoux (blanquette et crémant) a remis à plat sa stratégie commerciale. La cave a réduit de moitié le nombre de ses références (800 contre 1500) et tend à revenir à « son cœur de métier », les effervescents.
Sieur d'Arques compte 270 adhérents exploitant environ 2 000 ha, dont 1 200 ha d'AOC. Elle produit majoritairement des effervescents (7 millions de cols) : blanquette, crémant et blanquette méthode ancestrale. Les vins tranquilles (5 millions de cols) sont bien représentés, avec deux appellations (limoux blanc et rouge) et les IGP Pays d'oc et Haute-Vallée-de-l'Aude. La nouvelle équipe de la cave s'est fixé comme objectif de passer le cap des 50 M€ de CA d'ici trois ans, « avec des résultats positifs chaque année ». L'entreprise est pour l'instant sortie du rouge. En 2013, la cave a réalisé un bénéfice de 200 000 € et compte sur une croissance du CA de 4 % en 2014.
« La première vague d'investissement a porté essentiellement sur la production de bulles, avec une nouvelle chaîne d'embouteillage et de dégorgement », précise Maurice Lautard. « Nous souhaitons porter rapidement nos volumes de crémant à 8 millions de bouteilles et développer la vente en bouteilles. » Second objectif : le repositionnement de la cave sur le crémant. L'appellation, qui date de 1990, fait déjà jeu égal en volume avec la blanquette. Elle est surtout vendue plus cher, entre 5 et 5,50 € en GMS, contre 3,5 et 4 € pour la blanquette. L'image, tirée par les crémants d'Alsace ou de Bourgogne, est porteuse, tandis que celle de la blanquette vieillit. « Il n'y a pas de dynamique sur ce marché », analyse Laurent Lechat, le nouveau directeur (depuis septembre 2013), dont la tâche va consister à rééquilibrer les ventes de l'entreprise. « Le nombre de références se réduit. Il n'y en a bien souvent plus qu'une seule, généralement une MDD, et elle génère de faibles rotations. »
L'avenir de la blanquette est clairement posé, au sein même de l'appellation. « Je serais plutôt favorable à ce que ce terme soit réservé à la seule méthode ancestrale, qui correspond aux attentes des consommateurs », avance le président Maurice Lau-tard. A contrario, le crémant de Limoux, aujourd'hui le moins cher du marché, a le potentiel pour monter en gamme. « Il faut pour cela monter en prix, quitte à ce que nos propres clients fassent plus de marge », estime le directeur Laurent Lechat.
La cave annonce pour la rentrée le lancement d'un crémant de Limoux haut de gamme, qui devrait achever de convaincre le marché.