Comment mieux nourrir et informer les seniors
Les personnes de plus de 50 ans savent que l’alimentation peut les aider à mieux vieillir. Des enquêtes montrent quels aliments les seniors de différentes tranches d’âges consomment. Mais les sources d’information leur manquent.
L’Institut du bien vieillir du groupe Korian (gestionnaire d’établissements) s’est associé l’an dernier à la société de maintien à domicile Azaé pour demander à 605 personnes âgées (moyenne d’âge 85 ans) vivant chez elles comment elles s’alimentent. D’après leur enquête à travers la France, ces vieillards autonomes cuisinent principalement des produits frais et saisonniers. À midi, ils privilégient les viandes et poissons accompagnés de crudités et féculents. Au dîner, ils consomment de préférence un potage accompagné de fromage ou d’œufs. Une précédente enquête réalisée en 2014 pour l’Institut français des seniors (IFS) auprès du panel Silver Testeur a montré que les jeunes seniors de 50 à 75 ans aiment cuisiner. C’est ce qu’ont déclaré 720 personnes, dont 406 femmes, sur 1 004 personnes du panel interrogées en ligne. Mais ce goût de cuisiner concerne surtout la première tranche d’âges : de 50 à 64 ans. Dans la deuxième, celle des 65 à 75 ans, il tombe à 170 personnes sur 269, soit 63 %. À la question « prenez-vous soin de votre alimentation ? », 85 % des personnes ont répondu « oui », les femmes un peu plus que les hommes. Ce taux est plus faible, de 83 % dans la tranche supérieure.
La marque, peu importante
Questionnés sur leurs habitudes alimentaires, ces 50-75 ans sont 81 % à déclarer manger des fruits et légumes, 79 % à prendre un petit-déjeuner (79 %). 61 % évitent de sauter un repas et 57 % de grignoter entre les repas, sans différence notable entre les deux tranches d’âges (avant et après 65 ans). Dans les choix alimentaires, l’intérêt pour la santé est plus marqué dans la première tranche d’âges (83 %) que dans la seconde (78 %). Les apports nutritionnels sont regardés par 52 % des personnes du panel et l’origine géographique des produits par 51 %. En revanche, la marque du produit n’est importante que pour 18 %. Les aliments biologiques apportent-ils un « plus », était-il demandé au panel Silver Testeur. La réponse est partagée ; c’est « oui » à 59 % pour l’ensemble et à 61 % dans la tranche des 50 à 64 ans. Les femmes sont un peu plus convaincues (63 %) que les hommes (55 %) du bienfait du bio.
Quête d'informations plus vive chez les moins diplômés
Quelles informations recherchent les seniors en vue de bien vieillir ? C’est le sujet d’un rapport rendu par le Crédoc en décembre 2016 à l’Assurance retraite Cnav. Selon ce rapport, au-delà de 60 ans, 6 personnes sur 10 sont attentives aux messages de prévention. Savoir comment entretenir la mémoire et le capital intellectuel est l’intérêt premier de tout le monde, mais plus particulièrement des plus de 60 ans, qui sont 58 % à s’y intéresser. Ceux-ci recherchent, aussi plus que leurs cadets, des informations sur la nutrition, l’alimentation et la cuisine. C’est le cas, en particulier, de 36 % des 75 ans et plus.
Ce rapport du Crédoc met en lumière un besoin plus grand parmi les retraités peu diplômés ou issus de professions et de catégories socioprofessionnelles (PCS) inférieures (voir graphique). Pour les seniors n’ayant pas le Bac, l’alimentation se classe en 4e position des informations utiles après l’entretien des capacités intellectuelles, les démarches pour obtenir des droits et la prévention des maladies. Pour les retraités venant des PCS inférieures, l’alimentation est la 3e des priorités après l’entretien des capacités intellectuelles et les démarches concernant les droits.
Mais le rapport du Crédoc montre qu’une personne sur deux, après 60 ans, se sent démunie pour rechercher les informations qui les aideraient à mieux vieillir.
Attentifs aux emballages
S’agissant d’alimentation, les emballages ne donnent qu’une partie des informations recherchées. Dans le cadre du projet européen Nu-age (visant les besoins nutritionnels des personnes âgées de plus de 65 ans), l’équipe du Dr Sophie Hieke a étudié comment sont perçues les informations qu’ils donnent. Elle a trouvé qu’un senior sur deux recherche les informations nutritionnelles. Mais celles-ci sont jugées particulièrement difficiles à lire et à comprendre. Le principal élément recherché par les seniors sur les emballages en magasins est la date de péremption. Suivent la teneur en sucre, en sel, en calories et en matières grasses saturées.
Internet est un vecteur d’informations potentiel auprès des seniors. Le baromètre numérique du Crédoc a suivi une augmentation significative de l’équipement numérique et de la connexion des plus de 70 ans. Chez eux, les ordinateurs sont fréquents (à 54 %), et les tablettes tactiles ne sont pas rares (17 % en possèdent une). En 2016, 56 % d’entre eux se connectaient Internet. « La fracture numérique s’amenuise petit à petit », constate L’Observatoire des seniors (du groupe textile Damartex). Le baromètre numérique montre aussi que la télévision reste leur source d’information préférée (à 64 %) des seniors.