Aller au contenu principal

Comment les acheteurs peuvent faire gagner l'entreprise



Optimiser ses achats face à la pression grandissante des crises sanitaires quand on est une PME peut relever du vrai casse-tête. S'engager sur le long terme avec ses fournisseurs, se rassembler à plusieurs en GIE, se rapprocher capitalistique-ment d'autres entreprises aux achats similaires peuvent être envisagés. Acheter groupés s'avère aussi désormais une bonne solution pour l'énergie et l'électricité.

Le métier d'acheteur évolue dans les industries agroalimentaires vers de fortes prises de responsabilités en matière industrielle, commerciale, marketing, de sécurité des consommateurs et de réputation de l'entreprise. Des consultants le constatent.

Exit le « cost killer », littéralement le « tueur de coûts » ; place à l'acheteur stratège. Pour faire gagner des points à l'industriel, l'acheteur devra lever le nez des fiches techniques pour « repartir du besoin fonctionnel des ingrédients et emballages », « optimiser le coût à la tonne produite », « adapter sa pratique au marché du produit fini », « être force de proposition », énumère David Argento, fondateur de Foodboost, société de conseil spécialisée à 100 % dans les achats des entreprises (ETI et PME) de l'agroalimentaire.

Quand ce consultant particulier rencontre les acheteurs – le plus souvent en vue de gérer les risques des marchés – il constate souvent que ceux-ci ne s'intègrent pas assez aux services commerciaux et marketing. Or, auprès des commerciaux, les acheteurs s'imprègnent de la relation aux clients, (GMS, restauration, international). Dans le cas des MDD (marques de distributeurs) où les matières premières pèsent lourd, la relation au donneur d'ordre est potentiellement courte. Sachant qu'elle peut s'interrompre brutalement, « l'acheteur doit coller à ses marchés ; il peut s'autoriser à sauter sur des opportunités dans une attitude tactique », commente David Argento.

Ingrédient différenciant

L'acheteur ou le directeur des achats participe aux objectifs de l'entreprise : s'agit-il de gagner 10 % de chiffre d'affaires, d'augmenter une part de marché ? Mais tout d'abord, quelle est la fonction des produits à acheter (schématiquement, le sucre sert-il à édulcorer ou à texturer) ? Combien d'euros l'industriel est-il prêt à dépenser pour chaque fonction ? L'approche fonctionnelle « permet de mettre en concurrence des solutions, de placer le curseur entre un produit standard ou différenciant », recommande le consultant.

L'achat au prix de revient a de plus en plus de sens

Sous sa marque l'industriel cherche à créer un produit unique, difficile à copier, ayant une valeur ajoutée aux yeux des consommateurs. La recherche d'un ingrédient ou d'un embal-lage différenciant restreint le choix des fournisseurs. L'acheteur peut alors s'engager sur le long terme, ce qui « permet souvent d'obtenir de meilleures conditions commerciales, de créer un lien de confiance, et du côté fournisseur de rassurer les dirigeants et les banquiers lors d'investissements importants », observe David Argento. « L'achat au prix de revient a de plus en plus de sens, étant donnée l'incertitude des marchés à long terme », complète son collègue Rémi Fréon.

Puiser dans la R&D des fournisseurs

Auprès de la direction du marketing l'acheteur peut être force de propositions. « Ne pas oublier que l'intégration d'un nouvel ingrédient peut créer de la valeur », rappelle David Argento, avançant que « 95 % de la R&D des industriels se trouve chez les fournisseurs ». Le conseiller regrette également que les acheteurs ne s'intègrent pas davantage à la partie industrielle. « L'entreprise doit “ casser les silos ” et l'acheteur aller en usine », affirme-t-il, en pointant l'objectif du coût de revient total « à la tonne produite. »

Responsable de la continuité d'activité

La consultante Nathalie Langlois, gérante de NL Consulting, spécialiste du management de la qualité des denrées aquatiques, rappelle pour sa part le rôle clé de l'acheteur dans la prévention des crises, qu'elles soient sanitaires ou éthiques. Comme la réglementation rend l'importateur responsable de la sécurité, l'acheteur tient souvent à rencontrer lui-même ses fournisseurs, note-telle. La consultante conseille toutefois volontiers de s'en remettre aux courtiers spécialisés. « Ils connaissent bien les fournisseurs et peuvent répondre aux demandes de l'acheteur, qu'elles soient axées sur la qualité ou sur le prix », estime-t-elle. Mais c'est bien l'acheteur qui assurera la continuité de l'activité en cas de rupture brutale d'une ressource. « Il doit être en mesure de déterminer les vulnérabilités liées à ses filières d'approvisionnement, et d'identifier des solutions de substitution, insiste Nathalie Langlois, non seulement d'anticiper, mais aussi de prendre les bonnes décisions en situation de crise. »

Les plus lus

salle de traite en élevage laitier
Prix du lait : des tendances négatives venues d'Europe du Nord

Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers…

 Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’interbev
Sommet de l’élevage 2025 : « La première chose à faire, c’est de faire naître les veaux ! » pour Emmanuel Bernard, Interbev bovins

Alors que le Sommet de l’élevage commence, Emmanuel Bernard, éleveur bovin et président d’Interbev bovin revient pour Les…

Porc : « le choix de la Chine de cibler l’agriculture européenne n’est pas anodin »

Les Marchés ont échangé avec Simon Lacoume, économiste sectoriel chez Coface, expert mondial en assurance-crédit, pour…

graphique de la cotation entrée abattoir du JB R
Le prix des taurillons R dépasse les 7 €/kg

Les prix des jeunes bovins français grimpent nettement depuis le mois d’août et dépassent un nouveau record historique, même s…

Dépalettiseur
Œufs : « Il manque 3 millions de poules », comment la filière s’adapte à la tension

La transition vers l’œuf alternatif est bien amorcée par l’amont de la filière œuf. Mais il faut plus de poules en code 2 ou 1…

Poules standard dans un poulailler automatisé
Le Sud-Ouest se tourne vers le poulet standard pour concurrencer les importations

La France reste confrontée à la hausse des importations de poulets standards, qui représentent désormais un poulet sur deux.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio