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Biocarburants : 13 % de matières premières en plus

Dans quatre ans, l'alimentation animale bénéficiera des coproduits de la production de biocarburants. Mais des incertitudes pèsent sur cette perspective et quelques réticences de la part des FAB.

D’ici cinq ans, l'industrie des biocarburants devrait mettre à la disposition de l'alimentation animale un million de tonnes de pulpes de betteraves, drêches de céréales et 1,8 Mt de tourteaux d'oléagineux, selon le Céréopa (centre d'études et de recherches sur l'organisation des productions animales). Cette arrivée ne passera pas inaperçue, a-t-on constaté lors d'une conférence du Sommet du Végétal la semaine passée à Paris. Cela représente 13 % de matières premières en plus par rapport au tonnage qu'ont consommé les fabricants d'aliments en 2005.

Une bonne part de ce surplus pourrait être utilisée en 2010, ont estimé les intervenants. Selon Frédéric Pressenda, spécialiste de la question au Céréopa, le surcroît de drêches de céréales (0,7 million de tonnes) surpassera de beaucoup les 100 000 tonnes disponibles aujourd'hui ; les disponibilités en tourteau de colza doubleront pour se porter à 3 Mt ; les quantités de tourteaux de tournesol augmenteront de moitié à près de 1 Mt.

La production de pulpes de betteraves atteindra 700 000 tonnes, contre 300 000 tonnes consommées à ce jour.

Les fabricants d'aliments, qui consomment aujourd'hui 1 million de tonnes de tourteaux de colza, pourraient en absorber 1 Mt supplémentaire si le taux d'incorporation de cet ingrédient protéique dans les aliments pour ruminants pouvait monter jusqu'à 40 %, et 200 000 tonnes de plus en supposant que le prix diminue de 10 %. Quant aux éleveurs qui font leur propre aliment, qui incorporent 500 000 t de tourteau de colza, leur consommation pourrait progresser de 300 000 t. Entre les fabricants et les éleveurs, 1,5 Mt de tourteau de colza serait employé par surcroît, en théorie...

Une qualité à améliorer

Pour autant, Vincent Lemoine, responsable des formulations chez Sanders, juge impératif d'éradiquer les salmonelles des tourteaux de colza. Il souligne d'autre part la richesse en cellulose du tourteau de tournesol, qui en fait un concurrent du colza chez les ruminants mais l'exclut plus ou moins des formulations pour porcs et volailles. Alain Brinon, directeur général délégué de Saipol, industriel de la trituration et du raffinage, a mentionné les tourteaux de colza qui sortiront des presses des agriculteurs. Ceux-ci seront plus riches en huiles que les tourteaux industriels, et réservés à l'usage des éleveurs. L'industrie, elle, s'efforcera de garantir aux fabricants la qualité bactérienne, la digestibilité et l'homogénéité. Pour mettre son coproduit à la disposition de ses clients, Saipol prévoit d'installer des «stockages intermédiaires» entre les zones de trituration et bassins d'élevage.

Passons aux drêches de céréales. Les drêches de blé offrent à peu près la même concentration en protéines que les tourteaux de colza (celles de maïs étant plus pauvres), a exposé Frédéric Pressenda (Céréopa). Il a toutefois évoqué une variation de 23 à 40 % du taux protéique selon le procédé industriel. Dans le cas de Tereos, qui utilise un procédé humide en Picardie, le taux protéique moyen est de 33,5 %, a témoigné Philippe Monceaux, directeur des coproduits. Il a précisé que le coproduit obtenu était un «aliment complet» contenant du gluten de blé, des sons, des germes et des levures. Il sort de l'usine sous la forme de petits granulés de 6 mm à l'usage des éleveurs. L'usine pilote en produit 25 000 tonnes qui sont consommées pour 60 % en l'état et pour 40 % par les fabricants.

A l'avenir, selon le responsable du département, la proportion serait de 60 % pour les fabricants, 30 % consommés en l'état et 10 % à l'export. Ceci préfigure l'usine Tereos de Lillebonne près de Rouen qui produira 300 000 tonnes de drêches de blé, et réalisera par leur vente 15 à 20 % de son chiffre d'affaires, ce qui n'est pas négligeable. Quant à la pulpe de betterave à sucre, Philippe Monceaux ne prévoit pas un débouché supplémentaire, le surplus biocarburant devant remplacer le quota C amené à se résorber.

Mais les fabricants bougeront-ils ? Vincent Lemoine, responsable des formulations chez Sanders, a attiré l'attention sur la frilosité de certains industriels, qui peut se justifier par des cahiers des charges inutilement restrictifs ou par des problèmes plus techniques d'appétence des mélanges jamais pratiqués.

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