Bien-être du poulet : la densité maximale n’est pas écartée
En mai prochain, sous la présidence autrichienne de l'Union européenne, le Comité des représentants permanents des Vingt-cinq (Coreper) devra adopter le projet de directive sur le bien-être du poulet de chair ou du moins rechercher un accord politique sur le sujet. Cette proposition de directive de la Commission européenne vise à établir des normes minimales de « protection » des poulets. L'une d'elles est la densité avec un maximum chiffré : 38 kg par mètre carré. L'éleveur qui serait « mal noté » se verrait contraint de réduire sa densité à 30 kg par mètre carré.
Si la décision ne tenait qu'aux ministres de l'Agriculture, on peut supposer qu'elle reflèterait le consensus du Copa-Cogeca qui représente à Bruxelles les organisations professionnelles agricoles de l'Union européenne et les coopératives. Cette organisation a conçu en juin dernier avec les organisations européennes d'accouveurs et d'industriels de la viande de volaille une position commune sur le projet. Ces organisations sont d'accord sur le fait d'approvisionner le marché à des prix raisonnables « tout en garantissant un haut niveau de bien-être des animaux ». Elles sont d'accord pour refuser des normes strictes de densité d'élevage et plutôt fixer des objectifs de bien-être reposant sur des preuves scientifiques. Ces objectifs seraient atteints en se référant à des indicateurs de bien-être observables en élevage ou à l'abattoir. Sinon, les normes devraient s'appliquer aussi aux importations.
La densité maximale avantage les pays du Sud
La fixation d'une densité maximale par mètre carré avantage plutôt les pays du sud où il fait chaud, considère le responsable technique du dossier au Copa-Cogeca. Il désavantage sérieusement les Pays-Bas, la Belgique et la France où elle va jusqu'à 42 kg par mètre carré. Ces trois pays ont été les premiers à prouver par des études de terrain que les fortes densités, dans le cadre d'un élevage bien mené, n'entraînent pas de mal-être ou de mortalité supplémentaire.
L'autre question étudiée est la mesure du bien-être par le comptage à l'abattoir des lésions cutanées aux pattes, les « podo-dermatites », méthode que propose la Commission. En France, une évaluation est conduite depuis le début de l'an dernier par l'Itavi avec l'Afssa et l'Inra. Réalisée aux trois quarts, elle démontre déjà que la mesure à l'abattoir des podo-dermatites ne donne qu'une vision partielle de mauvaises conditions d'élevage. Ce critère ne « permet pas de résumer » l'état de bien-être, formule Luc Mirabito de l'Itavi.
Toutefois, comme ce critère a toutes les chances d'être retenu, les expertises vont maintenant commencer sur les solutions techniques permettant de réduire les lésions des pattes. Les pistes explorées concerneront les bâtiments, en termes d'aération notamment et de qualité de la litière. Les « phases critiques » de l'apparition des lésions seront mieux cernées, explique Luc Mirabito.
Cependant, cette question de densité est précieuse aux yeux des militants de la protection des animaux concernant les volailles de chair. L'association PMAF (protection mondiale des animaux de ferme), qui commence à mener campagne, voudrait bien imposer une densité maximale d'excédant pas 25 kg par mètre carré.
Une autre revendication des protecteurs des animaux est la sélection de souches de poulet à croissance plus lente, moins sujettes aux déformations des pattes. Le secteur de la volaille n'y serait pas opposé s'il n'était pas concurrencé par les importations des pays tiers.
Comme il est question aussi de risque de distorsion de concurrence entre États membres, l'évaluation économique demandée par 14 États membres dont la France à la Commission pèsera de tout son poids dans les termes de la directive qui sera adoptée.