Bien-être du poulet de chair : la France satisfaite
        
      
      
      Le compromis « le meilleur qu'on pouvait avoir », selon la CFA, a été obtenu lundi soir à Bruxelles sur le bien-être du poulet de chair. Alors que l'ultime offre de compromis de la présidence allemande du Conseil proposait une densité de base de 32 kg par mètre carré, une possibilité d'aller jusqu'à 38 kg dans des installations adaptées et un maximum absolu de 40 kg pour les élevages de pointe, ces trois curseurs ont été rehaussés dans « l'accord politique » qui entraînera le vote définitif de la directive au Conseil des ministres de la fin juin. Les trois premiers sont relevés d'1 kg à 33kg/m 2 et 40 kg/m 2 et le troisième est porté à 42 kg/m 2, ce que demandaient les organisations françaises de producteurs.
Par ailleurs, la dernière mouture allemande écarte la contrainte pour les abattoirs de comptabiliser un certain nombre d'indices post-mortem, dont les lésions aux pattes ou « pododermatites », système qualifié d' « usine à gaz » par le directeur de la CFA Christian Marinov. Ce dernier rappelle que la proposition initiale de directive était calquée sur le modèle suédois, peu productif. Les critères restent à cerner ; ils seront expérimentés ces prochaines années. « On va prendre le temps d'étudier », commente le responsable français.
La France revient de loin sur ce dossier hautement sensible. Elle faisait partie d'une fragile minorité de blocage avec la Pologne, la Hongrie, la Belgique, la Slovaquie et la Lettonie (la Grèce s'était retirée). Aussi, la CFA, représentée physiquement à Bruxelles à chaque étape de l'évolution du texte, salue-t-elle l'action du ministre de l'Agriculture et de ses services. De son côté, l'Anopa (association des organisations de production avicole) se prévaut d'avoir mobilisé une expertise technique sur ce dossier depuis sa première assemblée générale en 2005. Sa spécialiste anglophone suit de près celui-ci et est le contact privilégié de la DPEI.
Des latitudes pour les Etats-Membres
La directive laissera quelque latitude aux Etats membres pour fixer les modalités de mise en œuvre d'ici à 2010, date prévue de la transcription de la directive en droits nationaux, peut-on encore remarquer. Les producteurs français sont ainsi attentifs à l'estimation du taux de mortalité. Inférieur à 3%, il permet d'accéder au maximum de 42 kg/m 2. Le projet calcule la mortalité partir d'un taux journalier qui est pénalisant par rapport à une estimation en fin de lot, explique la spécialiste du dossier à l'Anopa. La compétitivité des élevages de poulet export est en jeu. Leur densité dépasse couramment 39 kg/m 2. Celle des poulets lourds destinés à la découpe aussi. Or, la tendance est à l'alourdissement des poulets.
Les critères d'ambiance dans les bâtiments relèveront aussi d'une certaine subsidiarité. En pratique, les densités les plus importantes, allant jusqu'à 44 kg/m 2, sont réalisables dans les bâtiments les plus modernes où l'ambiance est la mieux contrôlée. Selon Stéphane Dahirel, vice-président de l'Anopa, la performance est en soi un signe de bonnes conditions d'élevage.
Cela veut dire que dossier n'est pas bouclé pour la CFA qui s'apprête à solliciter le prochain gouvernement pour des aides à l'amélioration des bâtiments relevant du deuxième pilier de la PAC.
L'accord de ce lundi a bien sûr déplu aux protecteurs des animaux. Pour Ghislain Zuccolo, directeur de la PMAF (protection mondiale des animaux de ferme), « ces niveaux de densité - environ 20 animaux par m 2 - sont beaucoup trop élevés » . Dans un communiqué de presse, l’organisation de défense des animaux « appelle les consommateurs à toujours donner leur préférence aux poulets fermiers élevés en liberté Label Rouge ou bio ».
 
        
     
 
 
 
 
 
