Atouts agroalimentaires : la France n'a pas que sa gastronomie
Au-delà des produits de terroir et du luxe gastronomique à la française, les entreprises agroalimentaires de l'Hexagone disposent d'atouts de taille : recherche pointue en formulation, sécurité alimentaire et équipements performants. Des points forts à mettre en avant lors du prochain Sial auprès de visiteurs étrangers de plus en plus exigeants.
Les gourdes de compote GoGo squeeZ ont plus de 60 % de parts de marché aux États-Unis et commencent à s'infiltrer au Canada. Le leader qui les fabrique n'est autre que le Français MOM (Materne-Mont Blanc). Les petites sœurs des Pom'Potes ont conquis l'Amérique à partir de 2010. Elles étaient alors les seules et ont été depuis imitées.
Materne a réalisé l'an dernier 120 millions de dollars de chiffre d'affaires aux États-Unis. Les ventes hors de France de Materne, en Amérique du Nord ainsi qu'au Mexique et en Espagne, représentent désormais 101 millions d'euros. Elles pèsent un tiers du chiffre d'affaires du groupe et « dépasseront rapidement 50 % de l'activité », promet Michel Larroche, président de MOM. Le groupe dit répondre aux « attentes universelles des consommateurs pour des produits pratiques et sains », qui dans son cas sont à base de fruits ainsi que de lait.
Le succès de la gourde souple renvoie, un demi siècle en arrière, à l'histoire du Doypack® . À l'origine : le Français Louis Doyen avait fait tenir debout un sachet en plastique souple, à la demande d'un client. L'inventeur avait converti sa société, Thimonnier, de la conception de machines à coudre à celle de machines à souder les plastiques, en faisant le spécialiste connu de nos jours qui réalise 85 % de son activité à l'international. « Les nouvelles générations ne pensent pas que le Doypack® est français, et ne font pas le rapprochement avec Thimonnier », constate Patrick Doyen, responsable commercial pour la France. En dépit de leurs forts développements internationaux, MOM et Thimonnier restent en France. « Toutes nos équipes sont ici », souligne Patrick Doyen faisant référence à 60 personnes dont les neuf dixièmes sont formées en France. « Nous sommes très bien en région lyonnaise », affirme-t-il en désignant le Cetim (Centre technique des industries mécaniques) et « tous les sous-traitants de la construction de machines ».
Les savoirs décloisonnésLes réseaux mixtes technologiques (RMT), où collaborent des acteurs de la recherche, de la formation et du développement, sont une spécificité française née en 2006 afin de décloisonner les savoirs et compétences. Il y en a huit qui sont coordonnés par l'Actia (Association de coordination technique pour l'industrie agroalimentaire). Cette politique donne déjà des outils qui vont renforcer les secteurs concernés (conserves, emballages, ” lipides, boissons alcoolisées) et l'industrie dans son ensemble, sur les plans de l'hygiène des équipements, de la conservation des aliments, de l'analyse biologique, des qualités nutritionnelles et organoleptiques.
“ Attentes universelles pour des produits pratiques et sains
Par exemple, le RMT Nutriprevius a donné une méthode de maîtrise des qualités nutritionnelles à tous>> les stades de la chaîne de valeur, en ciblant les points sensibles à la manière de la HACCP dans le domaine de la sécurité sanitaire. Cette méthode se diffuse à travers l'enseignement et dans les entreprises sous forme d'un guide.
Autre exemple, le RMT sur la détermination de la durée de vie microbiologique des aliments, prépare un kit complet d'outils tenant compte des spécificités des produits et des procédés mis en œuvre. Certains RMT doivent combler des lacunes françaises diagnostiquées il y a sept ans. Dans le cadre de ProPack Food, la filière emballage intègre les capteurs. D'autres tendent à faire profiter à l'industrie des domaines d'excellence scientifique du pays que sont les sciences de la vie, et plus spécialement les technologies de contrôles des écosystèmes microbiens. Si les financements des programmes de recherche sont irréguliers, au moins la France dispose-t-elle de très bons chercheurs, estime une responsable de projet.
En pointe sur la normalisationLes savoir-faire français dans le domaine alimentaire se distinguent aussi sur la scène internationale à travers la normalisation. En effet, la France préside le comité technique de l'Iso dédié à l'agroalimentaire (Iso/TC 34), fait valoir l'Afnor. « Tous les projets de normes internationales en agroalimentaire sont pilotés par la France », explique un porte-parole de l'Afnor. C'est selon lui un avantage évident pour l'industrie, dont les façons de procéder sont appliquées, avec retard, par les autres industries du monde.