Après-midi libres pour les poulets bressans et landais
Les volailles fermières de l'Ain et des Landes achèveront à la fin de ce mois leur temps de liberté surveillée. Ces deux départements font partie des 26 soumis au confinement préventif contre les risques de transmission de grippe aviaire par la faune sauvage. En fait, leurs préfectures ont assoupli cette disposition. Ainsi, les volailles AOC de Bresse, production la plus emblématique de l'Ain, ont la permission de gambader sur leurs parcours herbeux « de 14 heures à minuit », la limite de minuit étant théorique puisque les volailles se couchent naturellement « avec les poules » comme on dit, quand la nuit tombe. Leur traitement diffère finalement peu de celui de leurs congénères de Saône-et-Loire et du Jura, les deux autres départements du périmètre de l'AOC qui ne font pas partie des départements à surveillance renforcée. Les volailles fermières des Landes, elles, investissent leurs bois et champs de maïs vers 10 heures du matin et peuvent s'y rendre à loisir pendant huit heures, au lieu de dix normalement en période hivernale. Dans l'Ain comme en Bresse, les volailles attendent avec impatience de pouvoir sortir de leurs bâtiments dès le signal du lever du soleil.
Cette possibilité de sortir permet aux volailles de Bresse de puiser une partie de leur alimentation dans leurs champs, un des principes qui justifie l'AOC. Elle permet aux volailles des Landes de rester fidèles à leur principe d'élevage en liberté (elles demeurent dans un périmètre proche de leur bâtiment sans qu'aucun grillage n'entrave leur déambulation). Dans les deux cas, les volailles, de souche rustique à croissance lente, ont un tempérament remuant, confirment les éleveurs. La sortie aide à leur croissance harmonieuse. Il faut dire aussi que les cabanes mobiles, qu'on appelle traditionnellement « marensines » dans les Landes, très utilisées dans les deux départements, sont peu adaptées à l'enfermement permanent.
Bernard Tauzia, considéré dans les Landes comme un éleveur exemplaire, n'a constaté aucun changement par rapport aux hivers précédents, ni baisse de la consommation d'aliment ni trouble de la croissance ni comportements agressifs. Il met en avant la « vigilance accrue » des éleveurs, de façon à réagir très vite en cas de suspicion de grippe aviaire ou à protéger leur élevage des oiseaux migrateurs. Ils sont de toute façon habitués à surveiller le moindre indice de maladie et à éviter l'intrusion de prédateurs. De la même façon, ils nourrissent et abreuvent toujours leurs volailles à l'intérieur.