Animal et Société : professionnalisme exigé
Le ministère de l'Agriculture a mis en ligne les propositions du groupe de travail sur le bien-être des animaux de rente, afin de les soumettre à l'avis du public. Celles-ci sont très axées sur les droits, les méthodes et l'information. En effet, la réglementation est déjà fournie. Les disfonctionnements et lacunes opérationnelles sont donc en cause. Le groupe propose de redéfinir les rôles des éleveurs et des vétérinaires dans certaines situations critiques. Face à un animal malade ou blessé nécessitant un abattage d'urgence, le vétérinaire définirait les conditions de déplacement vers l'abattoir. A l'occasion d'interventions traumatisantes comme l'ablation de la queue des porcelets, la castration ou l'écornage, l'éleveur pourrait anesthésier lui-même les animaux sans recours aux services onéreux d'un vétérinaire. Les conditions de mise à mort en élevage et de compensation économique pour l'éleveur doivent être définies. Le transport des animaux nécessite l'évaluation du maillage des abattoirs et la recherche d'indicateurs du bien-être en vue de la révision des textes européens.
Une réunion spéciale sur l'abattage religieux a donné lieu à quelques propositions visant à mieux encadrer les pratiques légales et à perfectionner celles-ci. En premier lieu, il s'agit de relier l'autorisation d'exercer des sacrificateurs rituels à des compétences techniques. Cette disposition suppose un plan de formation de ce personnel. Les services vétérinaires sont invités à davantage veiller au traitement de l'animal de sa conduite dans le box d'abattage jusqu'à sa perte de connaissance. Le principe d'un guide spécifique de bonnes pratiques est avancé, ainsi qu'un plan de communication à destination du grand public. Obligatoirement, il s'agit enfin de mobiliser les pouvoirs publics pour lutter contre l'abattage clandestin lors de la fête musulmane du sacrifice.
La proposition d'étourdissement préalable est absente des questions soumises au public. Une association de consommateurs musulmans reconnue, l'Asidcom (association de sensibilisation, d'information et de défense de consommateurs musulmans), en est soulagée. L'Asidcom a contribué aux Rencontres par un rapport scientifique.
Guides de bonne pratique professionnels
Les structures d'abattage ne sont pas en reste. Le groupe constate en effet que « de nombreux abattoirs, bien qu'agréés par les services vétérinaires, ne comportent pas les équipements nécessaires à la réalisation d'un abattage des ruminants dans les conditions prévues par la réglementation » et demande un inventaire. La réglementation prévoit en particulier, pour l'abattage rituel, des équipements de contention.
La mobilisation des moyens de l'Etat est réclamée, qu'il s'agisse de respecter les délais de mise en œuvre des réglementations ou de renforcer la vigilance sur le terrain. S'agissant en particulier de la mise aux normes des cages de poules pondeuses, le respect de l'échéance européenne « peut permettre de concentrer les efforts » en fonction de l'évolution des réponses techniques. Il serait demandé de systématiser la prise en compte de la protection animale dans toute instruction aux services vétérinaires et dans le travail des inspecteurs.
Enfin, les rencontres Animal et Société engageraient la concertation permanente avec les parties prenantes de la condition animale, aussi bien à travers les guides de bonne pratique professionnels, que l'on pourrait labelliser « Animal et Société », qu'au sein des Conseils départementaux de la Santé et de la Protection animale (CDSPA).