Alimentation animale : mieux travailler avec les céréaliers
Un bras de fer s’engage entre les fabricants d’aliments pour animaux et les organismes collecteurs qui les fournissent en céréales et graines protéagineuses. La tension était perceptible à un colloque organisé par Arvalis (Institut du végétal) mercredi. Olivier Kriegk, directeur scientifique du groupe Terrena, s’est posé en partisan radical des « cahiers des charges généralisés ». Cette démarche lui semble nécessaire à plusieurs titres et surtout dans le dessein de différencier les productions animales. Cette différenciation peut être qualitative quand il s’agit d’obtenir un gras ferme des viandes blanches grâce à une graisse végétale aussi performante qu’une graisse animale.
Elle peut aussi avoir trait à l’éthique. Sur ce plan, la protection de l’environnement, une valeur en hausse, souligne M .Kriegk, passe par les méthodes de culture. C’est aussi une question de productivité. Exemple : la viscosité de l’amidon du blé intervient sur la digestion du poulet. Ainsi, chez Terrena, on préfère anticiper en étant sûr des qualités physico-chimiques et sanitaires d’une matière première plutôt que d’avoir à corriger un défaut révélé après livraison. Et l’on s’étonne d’avoir « plus de facilités » à obtenir des garanties particulières du fournisseur brésilien de tourteaux de soja qu’avec des organismes stockeurs français.
« Les points faibles du métier d’OS »
Vincent Magdeleine, qui représentait la Fédération française des coopératives de collecte (FFCAT), a opposé le Guide des bonnes pratiques de la collecte et du stockage, basé sur la méthode HACCP de maîtrise des risques. Il a signalé que la moitié des coopératives ont déjà signé la Charte Sécurité alimentaire du métier. Sur les aspects sanitaires au moins, a-t-il estimé, les référentiels techniques de la profession peuvent satisfaire aux exigences des filières animales. Quant aux objectifs de différenciation, il est favorable au cahier des charges, aux conditions toutefois que celui-ci ne soit pas « inflationniste», qu’il « se limite à ce qui est nécessaire », qu’il « contienne des exigences proportionnées aux risques» et ne se prévale pas « abusivement» de dispositions réglementaires « mal interprétées » ; autant de conditions que l’expertise technique, dont celle d’Arvalis, peut satisfaire.
Il a été reconnu que les contrats entre « Fab » et « OS », s’ils doivent se développer, le feront aux dépens de l’intermédiation des courtiers, des achats opportunistes et d’un certain « clientélisme », dixit le responsable de Qualisol/Sudepis. Selon Olivier Kriegk, l’obligation de traçabilité documentaire, à partir du 1er janvier prochain (Règlement CEE 178/2000), est un autre motif de partenariat. Mais dans un premier temps, elle va « va mettre en exergue les points faibles du métier d’OS ». Il s’est inquiété de la possibilité de remonter à la source d’une éventuelle contamination quand « un silo à plat contient les produits de quinze points de collecte ». La remarque a semblé exagérée à M.Magdeleine, pour qui la directive en question n’impose que « d’identifier son fournisseur et son client ».