Alimentation animale : les éleveurs aux commandes
Ni la crise porcine ni la crise laitière ne peuvent empêcher un éleveur voulant préparer lui-même son aliment de concrétiser son investissement en matériel ; tout au plus, va-t-il différer celui-ci . Telle était la conviction des équipementiers présents au Space ce mois-ci. L’optimisme des vendeurs de matières premières et de compléments pour éleveurs allait dans le même sens.
En élevage porcin, l’association inter-régionale Airfaf des éleveurs fabricants d’aliments à la ferme constate un net regain d’intérêt pour la fabrication-maison depuis le début de la crise porcine en 2002, qui s’est renforcée l’an dernier avec la hausse des coûts des aliments composés. Airfaf estime qu’un éleveur sur quatre en Bretagne et un éleveur sur trois au niveau national prend en charge lui-même son alimentation. Les coopératives l’ont bien compris qui se sont pratiquement toutes dotées d’un secteur ou d’une filiale de conseil et de ventes d’ingrédients aux « fafeurs». C’est Agrifa, au Gouessant (filiale qui avait son stand en face de sa maison-mère au Space), Nuxia à Terrena... « Le virage est pris», constate l’animatrice technique d’Airfaf à Nantes, qui voit que les fabricants sont entrés dans le jeu, tout en restant réservés à l’égard de l’élevage avicole qui peut se passer de spécialités du commerce.
Airfaf envisage de mener une enquête en Bretagne et Pays de la Loire sur le temps de travail et l’intérêt technico-économique de différents systèmes de fabrication. L’association en attend la confirmation que la méthode est rentable à condition d’être bien réfléchie. « Les fafeurs ne sont jamais riches, mais ils traversent les crises», dit-on dans le milieu.
Pour plus de performance fourragère
Si la plupart des « fafeurs» cultivent eux-mêmes leurs grains ou les achètent à des voisins, certains s’approvisionnent totalement sur le marché. La situation de ces derniers est plus précaire, même s’ils sont installés à proximité des ressources (zone céréalière, port d’importation).
Toutefois, une certaine élite s’intéresse aux techniques d’assurance sur les marchés à terme que proposent ODA (Offre et demande agricole) et Agritel (Crédit Agricole - Crédit Lyonnais).
En production laitière, les éleveurs sont à la recherche de plus de performance fourragère. La rentabilité nutritionnelle des maïs à ensiler devient pour eux un critère important, témoignent les vendeurs de semences. Le constructeur Keenan France (présent au Space cette année) se distingue par un suivi technico-économique des acheteurs de mélangeuses de fourrages. Il table sur une progression de 20 % de ses ventes en 2004. Un concessionnaire qui disait avoir vendu quelques mélangeuses Jeulin pendant le salon, argumentait : « dans une conjoncture difficile, la rentabilité passera par des achats de machines qui augmentent la productivité.»