Accord UE-Mercosur : les exigences de la France « anachroniques » et « inopérantes »
Alors que le Président Macron semble avoir infléchi sa position sur l’accord UE-Mercosur et qu’Annie Genevard peine à dégager une minorité de blocage, un collectif d’opposants veut inciter à la mobilisation de la société civile.
Alors que le Président Macron semble avoir infléchi sa position sur l’accord UE-Mercosur et qu’Annie Genevard peine à dégager une minorité de blocage, un collectif d’opposants veut inciter à la mobilisation de la société civile.

Après avoir rencontré le président brésilien Lula à Paris, Emmanuel Macron s’est dit prêt, le 6 juin à autoriser la signature de l’accord UE-Mercosur d’ici la fin de l’année 2025. Toutefois, le chef de l’État posait ses conditions : la mise en place des clauses miroirs ou de clauses de sauvegarde. Une déclaration qui fait bondir la FNSEA qui demande a être reçue en urgence par le Président et incite ses adhérents d'alerter leurs eurodéputés.
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Trop tard pour conditionner l’accord UE-Mercosur
Des conditions complétement « anachroniques », considère Maxime Combes, économiste à l'Aitec, rappelant dans une note que la période de négociation est conclue et qu’il n’y a plus possibilités d’introduire dans l’accord des clauses qui n’en font pas partie. L’essentiel de l’accord a été entériné en 2019, la France aurait donc pu s’y opposer pendant 5 ans. La FNB, fédération nationale bovine, émet les mêmes doutes sur la déclaration présidentielle : « les négociations étant terminées, difficile d’imaginer qu’elles soient réouvertes pour y intégrer d’éventuelles clauses miroirs ».
« Les négociations étant terminées, difficile d’imaginer qu’elles soient réouvertes pour y intégrer d’éventuelles clauses miroirs »
Par ailleurs, l’économiste de l'Aitec rappelle que ces conditions sont « inopérantes », par la nature même de l’accord « l'ouverture des marchés agricoles européens a servi de monnaie d'échange comme contrepartie à l'ouverture des marchés et filières sud-américaines aux entreprises exportatrices européennes dans le secteur des services et de l'industrie ».
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Annie Genevard continue de se battre contre l’accord
Alors que la politique commerciale de Donald Trump inquiète ; certains pays européens voient le traité commercial avec le Mercosur comme une ouverture de marchés fiables. La ministre Annie Genevard a rencontré ses homologues autrichiens et hongrois qui disent « partager les préoccupations de la France sur le projet d’accord avec le Mercosur ». Elle s’est aussi rendue en Belgique. Selon les règles de vote au Conseil européen, il faudrait au moins quatre États membres, représentant plus de 35 % de la population pour constituer une minorité de blocage.
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Un appel aux collectivités territoriales
Le collectif Stop Ceta-Mercosur1 lance une campagne d’interpellation des collectivités territoriales pour qu’elles votent un vœu/résolution « contre l’accord UE-Mercosur et pour la relocalisation écologique et solidaire ». Elle appelle chaque citoyen ou organisation de la société civile à contacter son département, sa commune ou sa région pour qu'elle fasse adopter une résolution contre le traité, susciter le débat et pousser le gouvernement à l’action. Les villes de Brest (29), Cluny (71), Grenoble (38) et Giberville (14) ont, parmi d'autres, déjà voté ces résolutions.
1 ActionAid France, Aitec, Amis de la Terre France, Attac France, Confédération Paysanne, CGT, Greenpeace France, Fédération Artisans du Monde, Fondation Copernic, FoodWatch, FNE, FSU, Solidaires, etc