2007 a été l’année de la sécurité pour l’œuf
Des couvoirs aux centres d'emballage, la filière œuf s'est mobilisée cette année pour faire reculer les salmonelles dans leurs derniers retranchements, tout en négociant avec la DGAL pour éviter une révision trop drastique du plan de lutte existant. « Nous sommes à un taux de contamination qui fait pâlir d'envie bien de nos collègues européens », a clamé le président Francis Damay en clôture de l'assemblé générale du CNPO (comité national pour la promotion de l'œuf) la semaine dernière à Valence, « alors de grâce, ne rajoutons pas de couche inutile. » La lutte contre les salmonelles a été « un des dossiers clé de l'année » pour le CNPO. Les arrêtés salmonelles ont été modifiés en 2007 en application de la réglementation européenne. D'autres sont prévus pour 2008. Comme pour d'autres filières animales, la réglementation française va plus loin que la réglementation européenne. Cette dernière est applicable depuis cette année à la reproduction (c'est-à-dire la production de poulettes destinées à pondre) et le sera l'an prochain pour les pondeuses. Depuis 1 er novembre, les œufs issus d'élevages décelés positifs suite à une toxi-infection collective ne doivent plus accéder au centre d'emballage. A partir du 1 er janvier 2009, la même interdiction s'appliquera aux cheptels décelés positifs lors de contrôles en élevage. Les œufs en question sont marqués.
La France a précédé la réglementation européenne en renforçant dès cette année les contrôles en élevages de pondeuses. Ces contrôles impliquent forcément des destructions d'animaux et des délais de carence susceptibles d'engendrer des distorsions de concurrence avec les voisins européens. Des taux de prévalence ont été établis en 2004 dans le cadre d'enquêtes réalisées à l'échelon européen. Ils étaient alors de 3,9 % en Salmonella enteritidis et de 4,3 % en Salmonella typhimurium.
Délais de carence après récidive
La DGAL voudrait devancer l'objectif de réduire ces taux de 10 % par an à partir de 2008. Le CNPO a obtenu quelques mesures pour atténuer les effets économiques du plan national de surveillance. Parmi celles-ci, on peut citer l'amélioration des délais de carence après récidive, le principe de l'indemnité d'abattage en cas de contrôle positif en fin de bande, l'étude de solutions pour la gestion des eaux issues d'élevages contaminés... Pour la production d'œufs, le CNPO souhaite que les arrêtés prévus l'an prochain se conforment le plus possible au règlement européen. Sa demande « s'appuie sur l'amélioration progressive du nombre de toxi-infections liées aux salmonelles » constatée dans le Bulletin sanitaire du 26 décembre 2006. Ce bulletin, du reste, décharge en grande partie la production. Il constate que plus de la moitié des contaminations sont dues à des erreurs de préparation ou à des délais excessifs entre préparation et consommation. Ce qui a conduit l'institut de veille sanitaire à préconiser un renforcement des bonnes pratiques d'hygiène en restauration et des précautions simples à domicile.
En pratique, les différents chaînons de la filière mettent en place des guides de bonnes pratiques d'hygiène. Un projet de guide est en cours de validation pour l'élevage de pondeuses d'œufs standard. L'Itavi travaille actuellement sur un volet concernant l'analyse des dangers. Ce document de travail est à étendre aux élevages alternatifs (plein air, LR…) et aux élevages de poulettes. Un guide pour centres d'emballage est aussi en cours de rédaction par le syndicat des industriels (Snipo). Il pourra servir d'appui au dossier d'agrément de centres d'emballage dès août 2008.