Taxes chinoises sur les produits laitiers : quels montants par entreprises, quels impacts pour la France ?
La Chine applique à partir de ce jour des droits de douane supplémentaires et provisoires sur les produits laitiers européens. Le montant des sanctions dépend des entreprises. Pour la France, ce sont les envois de crème qui vont être fortement pénalisés.
La Chine applique à partir de ce jour des droits de douane supplémentaires et provisoires sur les produits laitiers européens. Le montant des sanctions dépend des entreprises. Pour la France, ce sont les envois de crème qui vont être fortement pénalisés.
Avec Agra
La Chine a décidé d’appliquer à partir du 23 décembre des droits de douane provisoires sur certains produits laitiers européens, qui s’échelonneront de 21,9 % à 42,7 %. La plupart des laiteries européennes sont soumises à des droits de 28,6 % ou 29,7 %. Isigny Sainte Mère, Laïta, Bel, Eurial, Lactalis et Les Maîtres Laitiers du Cotentin sont frappés à hauteur de 28,6 %. La fromagerie Papillon qui fabrique du Roquefort est taxée à 29,7 %. Friesland Campina est assujettie aux droits le plus élevés. La liste des droits par entreprises est disponible sous cet article. Ces droits ont été décidés dans le cadre d'une enquête antisubventions de Pékin qui doit se terminer le 21 février, date à laquelle cette mesure pourrait devenir définitive.
Lire aussi : Le porc européen n’échappe pas aux taxes chinoises, la France bénéficie d'un taux réduit
Fromages frais, bleus et crèmes concernés par les taxes chinoises
Ils concernent toute une série de produits, notamment les fromages frais et transformés, les fromages bleus, ainsi que certains laits et crèmes, qui bénéficieraient selon Pékin de subventions faisant subir un préjudice substantiel aux concurrents chinois. L’UE rejette les conclusions de cette enquête.
« Notre analyse est que cette enquête est basée sur des allégations contestables et des preuves insuffisantes »
« Notre analyse est que cette enquête est basée sur des allégations contestables et des preuves insuffisantes, et que les mesures sont par conséquent injustifiées et infondées », a déclaré à la presse Olof Gill, porte-parole de la Commission européenne. « C’est inacceptable » a réagi de son côté Annie Genevard sur X, pour laquelle « les entreprises françaises ne bénéficient d’aucune subvention, ni européenne ni nationale, qui ne soit strictement conforme au droit international ».
Lire aussi : Produits laitiers : le mix produit change en Chine, quelles conséquences sur le marché mondial ?
L’annonce de ces droits, faite le 22 décembre par le ministère du Commerce chinois, était redoutée et avait été évoquée au cours du voyage présidentiel début décembre.
Des droits prohibitifs pour les exportations laitières
L’interprofession laitière française a réagi dès l’annonce de droits de douane chinois sur les produits laitiers européens. « Nous renouvelons notre confiance dans l’action des autorités françaises et européennes afin de parvenir à infléchir la position chinoise et ainsi à préserver des relations commerciales équilibrées », indique le Cniel, ne perdant pas espoir de voir les Chinois revenir sur leur position.
« Cette décision risque d'affecter l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la transformation, fragilisant durablement l’équilibre économique du secteur »
Les droits de douane de 21,9 % à 42,7 % à partir du 23 décembre sont provisoires, s’appliquant jusqu’au 21 février, date de la fin de l’enquête anti-subventions. Mais ils pourraient devenir définitifs après cette date. Ces nouveaux droits de douane viennent s’ajouter aux 15 % déjà appliqués par Pékin pour les produits laitiers européens. « Cette décision risque d'affecter l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la transformation, fragilisant durablement l’équilibre économique du secteur », souligne le Cniel.
Lire aussi :Viande bovine : la Chine enquête toujours sur ses importations et pourrait les limiter
La France envoyait de la crème et du fromage en Chine
50 000 t de crème française sont exportées vers la Chine chaque année, l’Hexagone en est son deuxième fournisseur. Les envois français de crème vers la Chine avaient déjà été plombés par l’enquête cette année puisqu’en octobre ils ont chuté de 53 % comparé à octobre 2024. En cumul sur les 10 premiers mois de l’année, la France a envoyé 31 000 t de crème en Chine, soit 30 % de moins qu’un an plus tôt selon les données des Douanes relayées par FranceAgriMer. De telles surtaxes chinoises sont prohibitives et devraient amener à la fin des envois français. La crème envoyée en Chine est notamment fabriquée en Normandie.
Lire aussi : L'UE instaure des droits de douane sur le chlorure de choline chinois
La Chine compte aussi pour 8 à 10 % des envois de fromages de la France selon la Fnil (6 000 tonnes environ).
Un contexte laitier difficile
La filière laitière française, un des fleurons de l’export hexagonal, subit ces mesures alors qu’elle peine déjà à maintenir ses envois vers les États-Unis et a vu le marché algérien se fermer il y a un an pour des raisons géopolitiques. Le tout dans un marché baissier, plombé par la hausse de la collecte mondiale de lait.
Ci dessous, tableau communiqué par le ministère chinois avec les taxes par entreprises :