Bio : plutôt qu’augmenter la SAU, améliorer la compétitivité, conseille un rapport
Le CGAER a été missionné pour analyser la crise du bio et en tirer des recommandations. Refonte de la gouvernance et recherche de compétitivité sont les principales pistes évoquées.
Le CGAER a été missionné pour analyser la crise du bio et en tirer des recommandations. Refonte de la gouvernance et recherche de compétitivité sont les principales pistes évoquées.
Avec Agra
Estimant que les deux moteurs historiques de l'agriculture biologique (AB), les conversions et les nouveaux consommateurs, trouvent « leurs limites », le CGAAER (ministère de l'Agriculture) insiste, dans un rapport paru le 11 décembre, pour faire de la compétitivité un enjeu stratégique, pour élargir son marché et son « assise sociale ».
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Travailler la compétitivité du bio plutôt que des objectifs de SAU
« En réponse à l’obstacle du prix, c’est bien l’amélioration de la compétitivité relative de l’agriculture bio (AB) par rapport à la conventionnelle qui permettra à la fois de répondre à la demande intérieure mais aussi d’améliorer le solde commercial de l’AB, aujourd’hui déficitaire en France », estiment les hauts fonctionnaires. Les auteurs vont jusqu'à remettre en cause l'objectif d'augmentation de la surface agricole utile (SAU) en bio.
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« La cible pertinente à long terme n’est pas l’augmentation de la SAU bio, mais l’augmentation de la compétitivité relative de l’AB vis-à-vis de l’AC ». Pour ce faire, le CGAAER préconise « une action plus résolue pour imposer le bio là où les enjeux sont forts (captage, territoires périurbains) ». À échéance de dix ans, les auteurs estiment que « l’État est en mesure d’infléchir significativement la trajectoire », notamment en augmentant progressivement l’écart de financement au profit de l’AB », ce qui favorisera la conversion d’une partie de l’agriculture conventionnelle en agriculture biologique.
Changer la gouvernance du secteur bio
Le CGAAER propose aussi une réforme des instances de gouvernance du secteur bio, pour en faire sortir l'État, sur le modèle des organismes de défense et de gestion (ODG) des autres signes de qualité (Siqo).
Les hauts fonctionnaires recommandent « une structuration de l’agriculture biologique sur le modèle des ODG des autres Siqo, à tous les niveaux géographiques, distincte de l'État (réforme de la gouvernance et des missions de l’Agence bio) et bien articulée avec les interprofessions qui doivent organiser en leur sein le développement des pratiques durables dont celui de l’agriculture bio ». Au sein de l'Agence bio, les auteurs constatent que la représentation des professionnels est « affaiblie par un dualisme de légitimité ; des organismes spécialisés (Fnab, Synabio) trop faiblement représentatifs, coexistent avec des sections bio des organismes généralistes (syndicats agricoles, chambres d'agriculture...) plus ou moins actives ». En parallèle, « l'État considère que cette agence est son " opérateur ", et s’arroge une responsabilité d’autant plus importante qu’il en est presque le seul financeur. »