« We feed the world » ou le marché de la faim
Avons-nous besoin de manger des fraises à Noël ? Et de faire parcourir 3 000 km aux tomates qui garnissent les étals de nos supermarchés, générant du gaz carbonique en masse, s’interroge le documentaire « we feed the world » de l’Autrichien Erwin Wagerhofer qui sort mercredi dans 50 salles en France. Ce film part des aliments qui garnissent le réfrigérateur du consommateur occidental pour faire la lumière sur les conditions de leur production. Il a été tourné dans six pays (Suisse, Autriche, France, Espagne, Roumanie, Brésil). Très critique envers l’industrie agroalimentaire, le documentaire a pour fil rouge les analyses de Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, qui vient de publier « L’Empire de la honte » chez Fayard, traduit en 14 langues. Il y dénonce notamment « l’aliénation de la mondialisation », qui détruit l’agriculture traditionnelle, et s’insurge contre l’emprise exercée par les multinationales sur l’alimentation, qui conduit notamment à la privatisation de l’eau, l’intensification des cultures des OGM et le brevetage du vivant. Le réalisateur du documentaire s’est attaché à l’une de ses déclarations : « grâce à ce que l’agriculture produit actuellement de par le monde, 12 milliards de personnes pourraient être nourries sans problème. Ce qui revient à dire que chaque enfant qui meurt de faim est en fait un enfant assassiné ». Le film, qui pointe la responsabilité sociale des entreprises privées, s’achève sur un entretien de Peter Brabeck, Pdg du groupe agroalimentaire Nestlé. « We feed the world » sort en France un mois après « notre pain quotidien », un documentaire également signé par un Autrichien qui dénonce pour sa part le système intensif de certaines exploitations agricoles européennes.