Volatilité des marchés, incertitude des récoltes

Le marché céréalier mondial est reparti à la baisse depuis la fin de la semaine dernière et l'on ne tirera pas de conclusion de la modeste reprise notée lundi sur Euronext, tant l'instabilité des cours est incontrôlable. Par ailleurs, Chicago étant fermé pour cause d'Independance Day, la place européenne manquait de repères. Si l'on croit encore dans la logique des fondamentaux, mise à mal par la volatilité, la pression sur les prix ne devrait pas se relâcher avec la publication du dernier rapport du CIC confirmant une récolte céréalière planétaire de 2 026 millions de tonnes (Mt), soit 10 Mt de plus que prévu fin mai et le deuxième plus haut chiffre après celui de 2014-2015. La production de blé en 2016 est revue en hausse de 7 Mt, à 729 Mt et le stock final porté de 223 Mt à 226 Mt, soit 9 Mt de plus que l'an dernier. En revanche, les prévisions de production et de stock de maïs n'ont pas été modifiées, avec respectivement, 1 003 Mt et 205 Mt.
Au plan européen, le dernier rapport du Cocéral fixe à 148 Mt la production de blé dans l'UE à 28 (Royaume-Uni encore inclus), soit seulement 2 Mt de moins que la précédente estimation, alors que l'état des cultures peut faire craindre une plus nette dégradation. C'est, notamment en France, l'un des facteurs d'orientation du marché en ce début de campagne. Le prochain conseil céréales de FranceAgriMer comportera un exposé sur ce sujet, mais le dernier crop rating de Céré'Obs, au 27 juin, n'invite pas à l'optimisme. Les surfaces classées en état « bon à très bon » pour le blé tendre tombent en une semaine de 71 à 65 %, le blé dur de 59 à 55 %, l'orge d'hiver de 67 à 62 % (avec une moisson tardive et qualitativement décevante) et le maïs perdant encore un point à 68 %, mais accusant surtout un fort recul par rapport à l'an dernier : 86 %.
Ralentissement des ventes d'orge à la ChineLes cours du physique en blé tendre ont mieux résisté à la baisse qu'Euronext grâce à un raffermissement des primes. Les cotations du blé dur sont absentes, dans un marché inactif ; il ne devrait pas le rester trop longtemps si les exportateurs français ne veulent pas se laisser déborder par les Italiens qui disposeront sans doute d'une très belle récolte. L'orge subit le ralentissement des ventes à la Chine, mais le stock de report est modique et pèsera d'autant moins sur ce début de campagne que le volume de récolte risque de décevoir. Le maïs s'est stabilisé, sur Euronext comme sur le physique où un peu d'export (dont un bateau de 18 500 t pour la Libye) assure un courant d'activité dont ne bénéficie pas le marché intérieur. P. G.