Volaille : le risque d’une nouvelle dégradation
Il faudra sans doute attendre quelques jours avant de savoir si les cas de grippe aviaire détectés en Europe ont eu des conséquences sur le comportement des acheteurs français. Une chose est sûre, cependant : ces dernières semaines, la consommation de volaille était toujours en net retrait par rapport aux mêmes périodes de l’année dernière. C’est ce qu’ont confirmé les participants à l’observatoire des prix et de la consommation qui s’est réuni le 8 février dernier au cabinet du ministre de l’Agriculture.
Selon la Fédération des industries avicoles, la baisse des ventes a atteint pour la semaine 5 (du 30 janvier au 5 février) 12,5 % en moyenne, affectant toutes les espèces et même les produits élaborés (-1 %). La FCD enregistre une tendance similaire, avec une baisse des ventes en volume de l’ordre de 15 %. Les labels sont également touchés. D’après une enquête du Synalaf auprès de ses groupements label, les mises en place baissent de 23 % sur les trois premiers mois de 2006 par rapport à 2005. Le retard à l’enlèvement est de 12 jours en moyenne (4 à 17 jours) et l’allongement du vide sanitaire fin janvier est en moyenne de 27 jours.
Les difficultés touchent à présent toutes les espèces de volaille. Le Cicar et le Cidef, représentant les productions de canard à rôtir et de dinde (peu concernés par la première vague de médiatisation) ont fait part aux autorités d’une baisse des ventes et d’un effondrement du marché européen en dindes entraînant un stockage massif et des retards à l’enlèvement. Une diminution des mises en place est également prévue dans ces deux productions. Quant au marché de l’œuf, il semble épargné, même si le CNPO relève une baisse de la consommation. Il reste à savoir si celle-ci est liée à la crise actuelle.
Un sursis pour la directive bien-être ?
Cette crise prolongée n’est bien sûr pas sans conséquences sur la situation financière des éleveurs et des entreprises. Lors de la réunion du 8 février, la Confédération française de l’aviculture (CFA) a ainsi interpellé les services du ministère de l’Agriculture sur l’aggravation de la situation des éleveurs, l’augmentation des stocks et la baisse de trésorerie des éleveurs et des entreprises. « La planification des mises en place est réalisée sur des bases inquiétantes pour les entreprises et les producteurs », estime-t-on à la CFA. LDC, l’un des principaux opérateurs en volaille label, s’apprête ainsi à prendre des mesures drastiques pour faire face à la crise (lire l’essentiel page 1).
Pour cette raison, la profession a demandé officiellement que l’adoption de la directive bien-être des poulets soit reportée pour ne pas pénaliser la filière avec des contraintes supplémentaires en élevage. Les producteurs s’activent en coulisses sur ce dossier qui doit être bientôt évoqué au Parlement européen. Leur organisation professionnelle va adresser aux parlementaires ses remarques et des propositions d’amendements.