Volaille Label Rouge : rester bon avant tout

Le Grenelle de l'environnement, l'harmonisation européenne des productions biologiques et le renchérissement des céréales, constituent autant de remise en question des modes de production défendus depuis 40 ans par le Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf). Il est donc logique que le syndicat ait voulu pour son assemblée générale revenir sur les réussites économiques, sociales et écologiques des filières qu'il défend. L'intitulé du débat « 40 ans de développement durable » était judicieusement choisi; ainsi que le lieu, le Palais du Luxembourg, en mémoire d'un vote historique du Sénat en faveur de la qualité. Les volailles Label Rouge et les volailles biologiques élevées en France sont abattues tardivement (à 81 jours au moins) après avoir consommé beaucoup de céréales (75% au minimum); voilà qui mérite attention à plusieurs titres, sachant que la notice technique des volailles Label Rouge est encore sur les bureaux et que l'Union européenne s'oriente vers une durée d'élevage des volailles Bio plus courte (70 jours). La question du coût est centrale. A l'étranger, dont en Grande-Bretagne, on élève un poulet « free range » abattu à l'âge intermédiaire de 56 jours, ce qui peut freiner le développement des ventes de poulet Label Rouge à l'export. Certains opérateurs français tentent eux-mêmes de lancer des volailles de type certifié à croissance lente équivalente; de quoi tenter des opérateurs de la restauration hors domicile, alors que les ventes de volailles Label Rouge ont réellement percé dans la RHD. Enfin, le prix des découpes en poulet Label pourrait éventuellement baisser grâce à un temps d'élevage réduit. S'ajoute à la discussion le fait que les volailles dites « intermédiaires » sont probablement moins dépendantes du soja importé.
Bilan carbone
Sous l'angle de l'environnement, le « bilan carbone » des volailles françaises sous signe officiel de qualité est moins bon, en sortie d'élevage, que celui d'une volaille standard ou un peu plus jeune. Cet aspect urticant a été soulevé au débat par la représentante des consommateurs et le haut fonctionnaire en charge du développement durable au ministère de l'agriculture. Casino lance pour sa part un étiquetage «carbone ». Enfin, l'impulsion donnée par le gouvernement aux filières bio aggrave l'inconfort des responsables du Synalaf, qui craignent que l'objectif de 20% dans la restauration publique n'entraîne des transferts de budgets préjudiciables au Label Rouge. « Le Bio a une image au-dessus de la mêlée », a affirmé Jacques Dedieu, le responsable du développement durable. Le fonctionnaire s'est dit sûr que le Label peut « faire encore mieux » pour prétendre à la future équivalence Haute valeur environnementale.
« Il ne faut pas prendre en considération un seul critère (le bilan carbone) », ont pensé tout haut plusieurs responsables d'Organisations de défense et de gestion. Les atouts des filières Label Rouge en termes de bien-être animal, d'embellissement du paysage, de conservation des espèces et de proximité sont visibles. La voix de la raison a été émise par le responsable des achats chez Auchan, appelant à « rester simple » et à promouvoir un poulet « durablement bon ».