Volaille : la ferveur interprofessionnelle mollit
« N’idéalisons pas à l’excès le passé […] N’embellissons pas une réalité qui fut souvent de combats pour obtenir à l’arraché un consensus grâce auquel les bonnes décisions ont été menées à bien», s’est exclamé Jacques Risse, l’ancien président du Cidef (comité interprofessionnel de la dinde) aux Trente ans de l’interprofession. A se remémorer les « coups de gueule » et « fâcheries» survenus, à commencer par 1973, « l’année avicole abominable » (se rappeler l’embargo américain du soja, la crise pétrolière et les excédents) qui a précédé la fondation, l’on relativise à coup sûr les dures résolutions qu’impose sans doute un marché en régression. Mais ces encouragements, pas plus que les témoignages d’admiration filmés - ceux du syndicaliste agricole Jean-Michel Lemétayer, des distributeurs Jérôme Bédier (FCD), Michel-Edouard Leclerc et Arnaud Popille (Metro) et du nutritionniste Patrick Serog (Compass group France)- n’ont déridé la salle de l’APCA à Paris ou se réunissait un public restreint, discret et peut-être blasé.
Le Cidef n’aurait-il pas vieilli, idée que distille son nouveau président, Patrick Huon (cf. entretien) en suggérant « un lifting» ? Telle était l’impression d’un fonctionnaire agricole présent à la réception, selon qui la filière dinde ratait là l’occasion de prendre un nouvel élan. Le Cidef a les compétences et l’expérience pour constituer l’interprofession volailles de chair, précisait-il en substance.
Or, la perspective d’une interprofession réunissant toutes les productions a été évoquée prudemment par le président. « Une telle structure devrait absolument respecter les spécificités de chaque filière […] Il nous semble important que chaque espèce puisse garder son identité… », a-t-il souligné. Le secrétaire d’État Nicolas Forissier a répondu en souhaitant que cette volonté de préserver les identités « ne soit pas un frein » à la constitution de cet « objectif majeur ».