Volaille-chair : des opportunités existent pour l’installation
Les Marchés : Quels enseignements tirez-vous de l'enquête avicole que vous avez menée avec les chambres d'agriculture de l'Ouest ?
Christian Delabrosse :La vingt-cinquième enquête avicole que nous avons réalisée montre que la filière poulet de chair va mieux, mais la situation en dinde reste inquiétante. Une fois passé l'épisode de la grippe aviaire, les marchés en poulet se sont redressés, la durée des vides sanitaires s'est nettement réduite par rapport à la crise. Pour la dinde, la stagnation du niveau de la marge brute s'explique principalement par les difficultés des éleveurs à maîtriser cette production, sans Nifurzol (régulateur de la flore microbienne NDLR), aujourd'hui interdit et qu'aucune autre molécule n'a efficacement remplacé. Maintenant, les industriels manquent de volailles et les négociations entre entreprises d'intégration et producteurs revalorisent les contrats.
Les Marchés : La production de volaille chair en Bretagne a nettement baissé ces dernières années. Ce léger mieux n'est-il pas que conjoncturel ?
Christian Delabrosse : C'est vrai qu'entre 2000 et 2004, la Bretagne a d'abord perdu 1,4 million de mètres carrés de production, puis encore 400 000 mètres carrés entre 2004 et 2007. Rien que dans le Morbihan (premier département volailler de France NDLR), 30 % des surfaces ont fermé. Il reste actuellement près de 4,8 millions de mètres carrés en Bretagne, soit 35 % des surfaces du parc français environ. Le renouvellement des producteurs était au point mort pendant trois ans. Là, il y a un léger courant, mais pas de constructions neuves, uniquement la reprise de bâtiments existants. Seulement 3 % des bâtiments ont moins de cinq ans. L'âge des bâtiments atteint 20-22 ans en poulet et dinde, 13-15 ans en canard et en poulet label. L'étude de notre échantillon montre que la taille moyenne des ateliers reste la même d'année en année, soit entre 1 000 et 2 000 mètres carrés. Il n'y a donc pas de concentration.
Les Marchés : Malgré cela, vous incitez à la reprise de bâtiments pour assurer, dites-vous en introduction à l'étude, « la pérennité des filières avicoles de nos régions ». La volaille chair a encore de l'avenir ?
Christian Delabrosse : Oui, il y a des bâtiments existants bons à reprendre. Malheureusement, nous n'en avons pas la liste. Sans doute faudrait-il que nous puissions mettre en relation cédants et acheteurs, comme le font les autres chambres professionnelles (chambres de commerce et chambres des métiers NDLR). Il faut en moyenne 2 500 mètres carrés pour une UTH. Je rappelle qu'il suffit de deux ans d'arrêt de la production pour qu'un bâtiment se voit retirer son droit à produire. Se pose un autre problème lors d'une cession : l'administration impose de plus en plus un plan d'épandage qui prend en compte la norme phosphore, ce qui revient souvent à doubler la surface d'épandage. On estime aujourd'hui qu'il faut 25 hectares de terres d'épandage pour 1 000 mètres carrés de surface de production.