Vocabulaire
La présentation d’un budget est question de vocabulaire. Prenez celui de la France pour 2008. Jeudi, Le Figaro titre: « Budget 2008 : une pause dans la lutte contre la dette et le déficit ». En français courant, une pause, c’est le temps de repos que s’accordent les gens avisés et qui ont déjà beaucoup donné (pour un gouvernement qui vient d’arriver, c’est un peu paradoxal). Dans ce titre, on comprend que l’interruption momentanée de l’assainissement des comptes précède une œuvre de réduction de la dette et des déficits probablement titanesque. Le même jour, Les Echos barrent leur Une d’un titre sensiblement différent « Budget 2008 : coup d’arrêt à la réduction du déficit ». Evidemment, vus comme ça, les 41,7 milliards d’euros de déficit prévus en 2008 prêtent à d’autres comparaisons. Par exemple au coup de frein violent qui envoie les passagers d’une voiture dans le pare-brise. De vocabulaire, il en a également été beaucoup question lors de la présentation du budget de l’Agriculture par Michel Barnier. Ce dernier a commencé par dire que le contexte budgétaire de 2007 était « difficile ». Puis, un peu poussé par un confrère qui évoquait un « trou »d'un milliard d'euros, il a fini par admettre que la réalisation du budget de l’année courante du ministère de l'Agriculture et de la Pêche était « en grande difficulté », ce qui est évidemment plus explicite. Avant de préciser que « l'impasse »budgétaire allait « être comblée en partie par des décrets d'avance, des reports et la loi de finances 2007 rectificative ». Fort heureusement, Michel Barnier n’a pas prononcé le mot de « faillite », ni évoqué son « sentiment personnel » sur le sort à réserver aux OGM. Il y a des champs lexicaux qu’il ne vaut mieux pas piétiner.