Vins : Saint-Véran en route vers les premiers crus
Moins connue que son appellation sœur Pouilly Fuissé, l’AOC Saint-Véran cherche la reconnaissance en France et à l’étranger en s’engageant dans la voie des premiers crus. Cette semaine, à Paris, l’Union des 230 producteurs de Cru Saint-Véran a présenté les résultats d’une première étude pédologique, menée par Isabelle Letessier, ingénieur agronome et pédologue. 70 catégories de sols, regroupées en dix principales variétés, ont été décelées sur la zone géographique de l’AOC qui s’étend sur 655 hectares (1/3 sur les communes de Chânes, Chasselas, Leynes et Saint-Vérand au Sud de la roche de Solutré, 1/3 sur la commune de Davayé et 1/3 sur celle de Prissé).
« L’objectif est d’aller vers les premiers crus. L’étude pédologique est le premier barreau de l’échelle. Suivront des dégustations et une analyse de climatologie », précise Frédéric Curis, à la tête de l’organisation de producteurs qui souhaite s’engager dans une démarche, à mi-chemin entre les premiers crus de Côte d’Or et les premiers crus Bordelais. « On veut déterminer une première tendance organoleptique », confie le président des vignerons. A priori, la typicité d’un St-Véran (composé à 100 % de Chardonnay) se définirait comme un vin floral au départ (fleurs blanches), plus minéral en vieillissant avec des arômes d’amandes grillées.
Une position intermédiaire favorable
L’obtention des premiers crus pourrait prendre de 5 à 10 ans. En attendant, la démarche menée par une jeune génération de vignerons (la moyenne d’âge est de 38 ans au sein du conseil d’administration) devrait dynamiser l’appellation. Boudé par le négoce lors de sa création en 1971, le cru Saint-Véran a la particularité d’être commercialisé à 65 % par des caves particulières.
Une coopérative, la cave des Vignerons des terres secrètes, représente 25 % des 40 000 hl (5,3 M de cols) de l’appellation. Seuls 30 % du St-Véran est expédié à l’étranger. A un prix moyen situé à 8,50 euros la bouteille, l’AOC se situe entre les Mâcon (entre 3 et 4,5 euros) et les Pouilly Fuissé (entre 12 et 15 euros). Cette position intermédiaire s’avère plutôt favorable en période de crise économique. « Les cavistes prennent plus de St-Véran actuellement », témoigne Frédéric Curis. Reste que le St-Véran ne dispose pas d’une renommée mondiale comme le Pouilly Fuissé, qui la devrait en partie à Jackie Kennedy, une de ses célèbres amatrices. Pour se faire davantage connaître, les vignerons indépendants qui vendent tous au caveau réfléchissent au moyen de développer l’oenotourisme (journées pique-nique, développement de chambres d’hôtes…).
Une réflexion est menée au sein de l’interprofession bourguignonne.