Vins : l’Amérique y a pris goût
D’ici 2008, les USA vont devenir les premiers consommateurs au Monde de vin tranquille devant l’Italie, la France et l’Allemagne, selon les prévisions du cabinet d’étude britannique IWSR/GDR qui publie en collaboration avec le salon Vinexpo une étude sur la conjoncture mondiale.
Avec 27,66 millions d’hectolitres consommés en 2008, soit une progression de 28,6 % par rapport à 2003, les Etats-Unis devanceraient d’une courte tête l’Italie (27,24 millions hl, +2,4 %) et la France qui tomberait à la troisième place (26,93 millions hl, -7,4 %).
L’autre enseignement à tirer de cette étude est la forte croissance en valeur attendue sur le marché mondial du vin. En 2004, le chiffre d’affaires mondial du secteur a atteint un peu moins de 100 milliards de dollars US, soit l’équivalent du marché de la cosmétique, trois fois celui du disque et, c’est d’actualité, 370 airbus A 380.
« Le Monde va boire meilleur »
Ce chiffre « faramineux » devrait encore progresser d’ici 2008, selon IWSR/GDR, pour atteindre 114 Mds de dollars (avec une progression de 14,7 %, contre 7,7 % entre 1999 et 2003). « La consommation va reprendre, le Monde va boire plus et va boire meilleur», pronostique Robert Beynat, commissaire général de Vinexpo. La croissance du marché mondial sera surtout tirée par les bouteilles à plus de 5 dollars (prix consommateur).
A côté de ces bonnes nouvelles, l’étude prévoit un surplus mondial de 31,14 M d’hl pour 2008, niveau similaire à celui de 2000. « Il va peser inévitablement, mais de façon inégale sur les pays et régions productrices », prévoit le cabinet d’étude britannique. Plus spécifiquement pour la France, la question à laquelle le cabinet s’est bien gardé de répondre est de savoir si elle saura maintenir sa force exportatrice face à la concurrence australienne, chilienne, américaine ou espagnole. L’étude estime l’excédent français de vin à 4 à 5 M d’hl annuels. Un sur-stock qui encombre le marché et dont le sort sera discuté lundi entre la filière et Dominique Bussereau, rue de Varenne. « Il faut se débarrasser de ces stocks », a déclaré Jean-Marie Chadronnier, président de Vinexpo, appelant le ministre à « servir de guide quand le secteur n’est pas capable de se mettre d’accord ». Sur le moyen terme, le Girondin plaide pour que la France adopte les mêmes règles que les autres pays en matière de pratiques œnologiques et d’étiquetage : à savoir qu’un vin de bordeaux puisse inscrire merlot ou cabernet-sauvignon sur sa bouteille ou que l’on puisse utiliser les copeaux de bois si des consommateurs apprécient. « Il faut arrêter de penser que nous sommes différents des autres », a-t-il déclaré.