Vins : la distillation au cœur des débats
La gestion des excédents, ou plutôt des « sur-stocks », comme les appelle pudiquement Denis Verdier président des caves coopératives viticoles françaises (CCVF), était au centre des préoccupations du 33e congrès de la coopération viticole qui s'est tenu à Narbonne du 5 au 7 juillet. Une problématique non seulement française et mais également européenne. « Cette année les excédents européens sont de 37 millions d'hectolitres, seulement 500 000 hl sont exportés. S'il n'y a pas d'assainissement mis en place nous atteindrons rapidement les 60 millions d'excédents » a estimé Joël Castagny, président du Cogeca.
Sur le plan français, « nous sommes dans une mélasse noire » a réagi Denis Verdier à propos de la gestion des excédents par la distillation. Pour l'instant, seulement 900 000 hl de VQPRD auraient été mis à la distillation sur les 1,5 million d'hl ouvert à prix majoré (3,35 euros/d°hl). Et certaines disparités apparaissent dans la volonté des bassins à dégager leurs excédents : l'Aquitaine, qui dispose d'un des sur-stocks les plus important de France, aurait proposé seulement 150 000 hl.
« Il faut mesurer que pour certaines régions, la distillation est une véritable révolution culturelle. Il faudrait trouver le moyen de la rendre volontaire obligatoire» a commenté Denis Verdier qui propose d'ores et déjà que 3 millions d'hl soient distiller lors de la prochaine campagne au titre de l'article 29.
Repoussées de 15 jours par le Comité de gestion du 7 juillet, les demandes de distillation se termineront fin juillet. D'ici là, les professionnels rencontreront le 20 juillet le ministre de l'agriculture qui n'avait pas fait le déplacement au congrès des coopératives viticoles. Cette négociation « de la dernière chance », selon les mots de Denis Verdier, offrira peut-être le moyen de favoriser la distillation, soit par la responsabilisation des professionnels soit par celle des pouvoirs publics. Si aucune solution n'est trouvée, il est probable que les rendements fixés par les VQRPD l'année prochaine soient limités, comme l'a laissé entendre Jean-Marie Aurand, directeur des politiques économiques et internationales du ministère. « Il faudra fixer des rendements qui favorisent une vendange de qualité».