Vins et spiritueux : exportations record, mais des inquiétudes
Voilà quelques années que les boissons alcoolisées françaises alignent les bonnes performances à l’export et 2007 n’a pas fait exception. La fédération des exportateurs de vins et spiritueux a rapporté hier des ventes à l’étranger de 9,34 milliards d’euros, soit « un chiffre record jamais atteint jusqu’ici » s’est félicité son président Philippe Casteja. Tous les segments de marché ont contribué à cette performance, avec un total en progression de 600 M Eur par rapport à l’année dernière. Ce millésime exceptionnel s’appuie notamment sur les records enregistrés par le champagne et le cognac, mais également sur la belle progression des vins d’appellation, surtout les Bordeaux, Bourgogne et Côtes du Rhône. « Nous avons récupéré les niveaux de vente des vins tranquilles que nous avions en 2004 » a poursuivi M. Casteja, plutôt fier que l’excédent commercial des vins et spiritueux (8,2 Mds Eur) représente presque la totalité de l’excédent agroalimentaire français. Le podium des pays les plus acheteurs ne change pas, avec les Etats-Unis sur la plus haute marche, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Derrière, on retrouve la Belgique (plate-forme de réexpédition) puis le Japon, tandis que la Corée fait son entrée dans le Top 20, confirmant s’il en était besoin la montée en puissance de l’Asie. En regardant les chiffres de plus près, on constatera une progression valeur du champagne de 10 % pour représenter 2,36 Mds Eur, tandis que les vins tranquilles AOC progressent de 1,6 % en volume mais 8,6 % en valeur, tirant notamment profit de récoltes plus faibles qu’attendues dans l’hémisphère Sud. Globalement, le pôle vins (6,73 Mds d’exportations, +8,3 % en valeur) fait mieux que le pôle des spiritueux (2,64 Mds Eur, +3,3 %) malgré une excellente performance du cognac dont les volumes ont bondi de 6 % et la valorisation de 12 % (à 1,68 Md Eur).
Le futur est moins rose
Cette embellie générale et les ventes record pourraient toutefois constituer un palier difficile à dépasser dans le futur à cause des turbulences économiques mondiales et des taux de change défavorables. Le marché américain a ainsi chuté de 3 % en valeur l’an dernier, à cause d’un euro fort et, peut-être, d’un effet collatéral dû à la crise des subprimes. Sur l’année 2007, on constate d’ailleurs un rééquilibrage de l’export vers l’Union européenne (la moitié des ventes), ou l’effet devises est beaucoup plus limité. La hausse des matières premières pèse également sur les marges, avec des coûts du carton et du verre qui augmentent. La situation doit inciter le secteur « à redoubler d’efforts » et à poursuivre la restructuration de la filière selon Philippe Casteja, qui esquisse quelques pistes pour réussir à maintenir la croissance des exportations. « Dans le vin, si nous voulons continuer à progresser, il faudra que le secteur se dote de grandes marques internationales » a-t-il estimé. Le premier avertissement donné par les Etats-Unis, qui absorbent 21 % des exportations françaises de vins et spiritueux, pourrait être l’aiguillon nécessaire à ce sursaut. Car les bons résultats enregistrés sur les zones émergentes comme l’Asie ou la Russie ne sont pas encore suffisants pour compenser le climat de consommation morose observé outre-Atlantique.